Soins de fortune

Joe quitta donc le lieux de l'hôpital, accompagné par la jeune étrangère. Évidement, il veilla à ne pas prendre un chemin très fréquenté, histoire de prendre le maximum de précautions. Il avançait relativement lentement, pour rester au niveau de la jeune femme . En effet, il tenait à la rassurer et à bien lui indiquer le chemin, pour qu'elle puisse prévoir ses déplacements et ménager son épaule. Et puis, il en profitait pour observer les gens qui pouvaient observer le duo.

Bien vite, ils arrivèrent devant l'entrée d'un métro. Joe marqua une petite pause en considérant les escaliers et l'escalator. D'un côté l'escalier, dont la descente serait source de nouvelles douleurs. De l'autre côté, l'escalator, beaucoup plus doux. Mais est-ce que la jeune femme connaissait cela d'où elle venait. Après l'avoir observé, perdue et curieuse de tout ce qui l'entourait, le jeune homme en était arrivé à l'idée que Leiah venait d'un pays un peu moins avancé au niveau de la technologie peut-être. Il était assez loin de la vérité à vrai dire. Mai l'idée était là.

Joe s'approcha de l'escalator et tendit sa main à Leiah, pour qu'elle la prenne. Il lui fit comprendre qu'ils bougeraient en même temps, pour se mettre sur une des marches en mouvement. Il se dit que c'était là le meilleur moyen de faire découvrir l'escalator à quelqu'un sans l'effrayer. Il avança son pied vers la marche, tout en l'incitant à faire de même. Un petit mouvement et c'était fait. Ils était sur une des marches qui s'enfonçaient dans le sous-sol.

Un nouveau monde s'offrait à leurs yeux. Le métro. Presque une vie à part entière. Tout sous la terre était si différent de la surface. Les gens ici grouillaient et se précipitaient pour prendre leur métro. D'autres proposaient divers amusements pour gagner leur croûte. La population souterraine était telle que Joe préféra garder la main de la jeune femme pour la guider plus efficacement. Il était facile de se perdre dans le métro, emporté par la foule.

Ils avançaient finalement plutôt bien dans le souterrain. Joe connaissait les lieux et se déplaçait efficacement. Il avait pu apprendre le plan du métro dès son arrivée dans la ville. Mais déjà, le premier obstacle. Pour entrer sur les quais, il fallait payer. Et Joe n'était pas très enclin à cela. Surtout que de l'argent, il n'en avait pas. Il s'approcha de la machine et de ses pales rotatives ne laissant passer qu'une personne à la fois. Le jeune homme s'assura que personne ne le voyait et fit sauter un barreau d'un simple coup de pied. Oui, cette particularité génétique était plutôt utile.

Joe continuait à entrainer la jeune femme par la main. Le moment devenait technique. Il fallait entrer dans une rame avant que les portes ne se ferment. Mais globalement, ils réussirent à entrer, sans encombres, dans une voiture. Joe se dirigea vers l'un des "poteaux" et se plaça à côté. A vrai dire, il avait pour habitude de se mettre à ce genre d'endroit dans le métro. Rester debout et se retenir à un barreau en cas de secousses. Il fit comprendre à Leiah de se mettre devant lui, dos au barreau. En cas de secousses, puisque la jeune femme n'était pas habituée, il pourrait la retenir.

Joe regarda le plan. 3 stations. Ils seraient bientôt arrivés.

Leiah, ayant en permanence un œil sur Joe pour ne pas se perdre malencontreusement, observait les alentours avec un nouveau regard. Le peu qu'elle avait vu avant était trop propre pour être vrai et trop identique. Trop blanc aussi. Là, c'était pleins de couleurs, de formes, et les gens avaient l'air plus calme que ceux qu'elle avait déjà vu. Elle suivait le jeune homme inconnu encore quelques instants plus tôt avec la plus grande confiance qu'elle pouvait accorder à quelqu'un. Il connaissait le chemin et d'après ce que Leiah voyait, il faisait en sorte de bien montrer ses intentions avant quoi que ce soit pour ne pas l'effrayer et pour qu'elle puisse éviter les sursauts brusques qui seraient douloureux pour son épaule.

Tout était nouveau autour d'elle et surtout l'endroit où ils arrivèrent. Une sorte de... De point de départ ou d'arrivée pour beaucoup de gens. Il habitait là ? Noooon... Apparemment, c'était comme les bateaux qui faisaient des allers et retours, entre Avalon et le continent, pour les blessés. Mais ici, c'était plus étrange. Il y avait plein d'acier partout et de... Cuir ? Enfin, pleins de matériaux inconnus.

Ils devaient descendre des escaliers. La descente serait raide, pensait déjà Leiah. Mais Joe, prévenant, l'emmena vers d'autres escaliers. Les gens montaient dessus et ça descendait tout seul, sans le moindre effort. Et il y avait beaucoup de gens. Trop peut-être. Une lueur effrayée passa fugitivement dans le regard céruléen de Leiah. Mais déjà, Joe lui tendait sa main, comme une bouée de sauvetage. Trop de monde, trop de nouveauté. S'il n'avait pas été là, seul repère en lequel elle avait confiance, elle serait partie vite fait. Alors, observant ce que lui montrait le garçon, elle fit un signe de tête et se saisit de la main tendue. Peut-être d'ailleurs s'y agrippa-t-elle trop vivement car elle eut l'impression de paraître trop fragile, terrifiée par l'inconnu. Ils firent un pas et se retrouvèrent sur les escaliers qui bougeaient.

Surprise ! Le sol descend. Leiah ne s'y attendait pas vraiment et resserra sa prise sur la main de Joe, se rapprochant imperceptiblement de lui comme pour se rassurer. Ce sol qui descendait lui fait tout bizarre. Elle était tentée de fermer les yeux pour ne plus avoir cette sensation de vertige inconnue, mais les garda au contraire bien ouvert, à l'affût de toutes nouvelles observations. En quelques instants, elle découvrait plus de chose qu'en une journée. Et quelles découvertes ! Les yeux écarquillés de la rousse semblaient indiquer pour elle la stupéfaction de voir et d'emprunter des escaliers qui descendaient tout seuls.

Sa main restant logée dans celle de Joe, la Bretonne s'était encore rapprochée de lui alors que deux hommes descendaient en même temps que l'escalier. Pourquoi ne restaient-ils pas immobiles ? Ils avaient peur ? Ou ils étaient pressés ? Leiah ignorait la réponse et oublia bien vite la question en voyant la suite. Des barrières qui bougeaient ou ne bougeaient pas. Elle n'arrivait pas à bien saisir sur ces choses d'aciers étaient vivantes ou pas. Puis Joe donna un coup de pied dans l'une de ses choses. Et ils passèrent sans difficultés. Il avait vaincu une bête ? Pourquoi les autres ne faisaient-ils pas ainsi ?

Les questions s'évaporèrent de nouveau face à la gigantesque bête de fer devant ses yeux. Et Joe qui les entraînaient vers cette bête... Entrer à l'intérieur fut comme se faire avaler dans l'esprit de la demoiselle. Pourtant, des gens en sortaient aussi. Alors ce n'était pas vraiment une bête ? Étrange. Vraiment très étrange. Trop de trucs bizarre d'un seul coup pour Leiah, elle secoua la tête et se plaça comme lui indiqua le jeune homme. Elle l'avait laissé l'entraîner dans cette bête de ferraille et lui faisait confiance pour l'en sortir.

Alors qu'elle voyait le paysage défiler devant elle, elle commença à trouver que l'intérieur ressemblait à une maison. Et comme ça bougeait, ça rendait l'impression encore plus étranges. Il y avait des vibrations qui chatouillaient les jambes de la rousse, pas habituée, et un chaos plus important la fit chavirer contre Joe. Son réflexe fut de s'accrocher de nouveau à lui avec son bras libre, pour ne pas tomber. Peut-être aussi pour se protéger du regard des autres passagers qui la dévisageaient avec attention.

Elle murmura :

« _ Joe... Ofn... »

Elle savait qu'il ne comprenait pas ce qu'elle avait dit, mais le ton de sa voix indiquait clairement la panique qui commençait à l'envahir. Elle n'était pas du genre peureuse. Elle affrontait le danger avec courage d'ordinaire. Mais là, trop c'est trop. Elle se cramponna au garçons comme elle tiendrait les rênes d'un cheval particulièrement rapide et fougueux. De façon à se rassurer. Vivement que la bête de ferraille les relâche...

La petite rousse était à la fois fascinée et apeurée par ce qui l'entourait. Joe se demanda bien d'où elle pouvait venir pour paraître aussi perdue dans cet environnement. Après tout, de nos jours, ce genre de choses étaient connus de tous, ne serait-ce que par la télévision, ou les livres. Mais peut-être venait-elle d'une île lointaine où la technologie ne mit jamais les pieds. Peut-être s'évertuaient-ils à vivre en dehors du temps chez eux. Mais comment serait-elle arrivée ici? Le jeune homme n'en savait rien et ne pouvait pas réfléchir à cela pour l'instant. Actuellement, il avait d'autres choses à gérer.

Comme par exemple la panique dont fut prise Leiah. Joe essayait de s'imaginer ce que l'on pouvait ressentir la premier fois qu'on prenait le métro. Peut-être avait-il eut peur lui aussi. Il ne s'en souvenait pas vraiment. Il se rappelait avoir vu cela à la télévision. Peut-être avait-il pu se forger une idée de la chose avant coup. Probablement que ce qui primait n'était pas la panique, mais l'étrangeté de la chose. Et peut-être un peu la panique de rater son arrêt.

Il ne savait pas vraiment comment rassurer la jeune femme. Elle se blottissait contre lui, comme s'il avait pu la protéger d'un quelconque danger. Il fallait bien avouer que le jeune homme n'était pas habitué à ce genre de contact avec la gente féminine. Ni avec la gente masculine. Personne en fait. Il vivait à l'écart volontairement et ce genre de situations était nouvelle pour lui aussi. Hésitant, il étendit ses bras et les resserra autour de la personne de Leiah. Délicatement, il la pressa un peu plus contre lui, se voulant rassurant. Et puis, il était sûr que tout le monde le regardait. Non, il n'était pas vraiment à l'aise. Mais bien sûr, il ne le montrait pas, faisant mine d'être sûr de lui pour rassurer sa passagère.

Et déjà la station tant attendue fut annoncée. Le métro s'arrêta et Joe indiqua à la jeune femme que c'était bon, qu'ils allaient sortir. Par chance pour eux, la rame n'était pas bondé et ils réussirent facilement à en sortir sans avoir à jouer des coudes. Le jeune homme regardait la belle rousse pour voir si tout allait bien pour elle, après toutes ces émotions et l'entraina à nouveau, en la tenant par la main, vers la sortie. Cette fois-ci, point de péage, mais un nouvel escalator. Et comme précédemment, son franchissement fut relativement aisé.

Une fois à la surface, l'air frais revint à leur poumon. Mais s'il était fascinant, le monde souterrain n'était pas assez aéré. Mais ce n'était, en général, qu'un inconvénient passager, le temps de sortir du métro.

Il se tourna vers la jeune femme et lui désigna un immeuble du doigt. C'est là qu'ils iraient. Par chance, la station de métro n'était qu'à quelques pas de son squat et très vite ils arrivèrent au pied de l'immeuble. Joe posa sa main sur la porte, et après un dernier regard accompagné d'un hésitant sourire pour la rassurer, il ouvrit la porte et la franchit.

Une fois à l'intérieur, l'on pouvait remarquer que le bâtiment n'était plus habité depuis un moment. Enfin, plus vraiment habité. Les nombreux squats à longueur d'année faisaient en sorte que les lieux ne se dégradaient pas trop pour autant. Et voilà que déjà Joe l'emmenait vers nue nouvelle machine étrange. l'ascenseur. Et oui, il était toujours en état de marche.

La machine arriva dans un bruit métallique et un petit tintement particulier leur annonça qu'il était arrivé. Les portes s'ouvrirent et Joe prit place à l'intérieur. Il invita Leiah à faire de même. Se souvenant de l'épisode des secousses du métro, il ouvrit ses bras comme pour l'inviter, également à se réfugier. D'un regard, il essaya de lui faire comprendre que cet engin là serait plus étrange encore que le métro. Puis, il appuya sur le bouton 4. Assez rapidement, ils arrivèrent, non sans être un peu secoués de bas en haut.

Le jeune homme sortit avec la jeune femme et se dirigea vers une des portes de l'étage. Il n'avait pas le temps de lui faire un tour du propriétaire et 'occupa d'ouvrir sa porte. Puis, il s'effaça pour la laisser entrer en première. "Les dames d'abord" comme lui disait parfois Sarah. Puis, il rejoint la jeune étrangère dans son modeste appartement.

A l'intérieur, il n'y avait pas vraiment de décorations. Une table et des chaises là, un matelas ici, une télévision et une petite chaine Hi-FI. Par contre, ils avait des armoires remplies de livres, de cassettes et de cd en tout genre. Bien sûr, tout avait été "trouvé" ça et là. Il se dirigea vers une armoire et en sortit une caisse. C'était là qu'il stockait tout son matériel médical. Après y avoir déposé ses poches, il fouilla les poches de la veste pour en sortir d'autres objets encore qu'il plaça dans cette même caisse.

Puis, débarrassant Leiah de la veste, il l'invita à le suivre tandis qu'il portait la caisse sous son bras.

Joe: "Je vais soigner la blessure, d'accord Leiah?"

Il mima l'acte qu'il allait faire avec ses mains. D'abord extraire la balle puis la recoudre. Évidement, il ne s'attarda ni sur les détails, ni sur les outils, pour ne pas l'effrayer d'avantage.

Il avait plongé son regard dans les yeux bleus de la jeune femme en attendant son approbation. Une fois celle-ci reçue, il lui prit doucement la main, et, la serrant dans les siennes, l'amena près du lit. Une fois de plus, le travail de mime serait son seul espoir.

En fait, il mima à la jeune femme de s'allonger sur lit, sur le ventre, afin qu'il puisse bien voir la blessure et la soigner. Cela ferait peut-être un peu mal, mais il se dépêcherait et serait délicat. Encore une fois, son regard essayait de se faire rassurant. Il ne voulait que son bien.

Il s'assit au bord du lit, à portée de main de la caisse et posa sa main sur la taille de Leiah pour la guider vers le lit, sans faux mouvements.

Joe devait avoir saisi la panique qui menaçait à tout instant d'envahir Leiah puisqu'il l'entoura de ses bras. Elle s'efforçait de contenir son angoisse, que le regard des autres rendait plus présente, et finit par fermer les yeux pour ne plus voir le paysage défiler ou les gens la regarder. Elle qui d'habitude bravait la magie et les dangers de la Guerre, la voilà terrifiée par ce qu'elle voyait. A choisir, si elle devait affronter un dragon ou bien ce genre de choses étranges, elle choisissait le dragon. Elle savait au moins ce qui l'attendait et pouvait se préparer à se défendre.

Puis enfin, la bête s'arrêta et les gens sortirent. Joe et Leiah aussi. Elle ne lâchait pas sa main par contre, préférant garder un contact rassurant au milieu de l'inconnu. Les yeux écarquillés, autant par la surprise et l'appréhension que par la curiosité. Elle en oublierait presque son épaule si celle-ci ne se rappelait pas à son bon souvenir par des picotements gênant et une douleur sourde et continue. La veste blanche devait sûrement laisser transparaître un peu de sang au niveau de l'épaule mais les cheveux roux le cachait.

Le jeune homme l'entraîna vers un nouvel escalier qui bougeait seul. Cette fois-ci, il n'allait pas dans le sens de la descente, mais à l'inverse, il montait. Beaucoup plus intéressant. On s'éloignait du sol pour en apercevoir un autre. Leiah ne savait pas si c'était parce que la surprise du premier était passée ou pas, mais elle trouva la montée beaucoup moins longue. Et enfin, ils s'extirpèrent de cet endroit si étrange, si terrifiant.

Son compagnon indiqua un grand bâtiment du doigt. Leiah comprit que c'était là leur destination. L'endroit où logeait Joe. Elle le suivit, la panique étant dissipée par le retour à l'extérieur, et observa de nouveau son environnement. La végétation poussait au milieu du roc noir qui ne sentait pas bon. Il y avait pas mal de monde qui passait sans leur accorder un regard. C'était si différent, et en même temps, étrangement identique. Ils arrivèrent près du bâtiment indiqué. Il lui adressa un sourire avant de pousser la porte et d'entrer. Elle lui rendit son sourire et le suivit. L'endroit lui parut plus accueillant que les bâtiments dans lesquels elle avait été emmenée. Il n'y flottait pas cette odeur abominable qui sentait le trop propre. Au contraire.

Le regard de la Bretonne fut alors attiré par la nouvelle découverte vers laquelle l'emmenait Joe. Une boîte en ferraille qui mangeait les gens et qui faisait du bruit. Mais Joe y entra le plus naturellement du monde. Ce n'était donc pas dangereux. Elle le suivit avec hésitation, le souvenir récent du voyage jusqu'ici étant encore dans son esprit. Elle capta le regard gris du jeune homme et se réfugia dans ses bras, comprenant que ça serait aussi bizarre que le voyage. Il appuya sur un bouton et les portes se refermèrent. Le sol bougea, Leiah crispant les doigts de sa main valide sur les vêtements de Joe. Le sol montait mais ils ne bougeait pas. Les vibrations n'étaient pas désagréables en elles-même, mais n'étant pas habituée, Leiah restait sur ses gardes.

Enfin, ils purent en sortir. Joe l'entraîna vers une porte et l'invita à entrer. Elle s'exécuta et pénétra dans la demeure du garçon. Elle fut intriguée par l'intérieur, mais ne chercha pas à en faire le tour ou à s'imposer. Elle observa le jeune hommes s'affairer à ranger ce qu'il avait sur lui, laissa la veste glisser dans ses mains lorsqu'il l'ôta, et le suivit comme il l'y invitait. Il lui dit quelque chose, mimant en même temps. Leiah fit marcher ses méninges et saisit qu'il parlait de sa blessure. Il allait la soigner. Un sourire accompagna le hochement de tête de la Bretonne tandis qu'elle déposait sur une table les brins de Verveine. Elle aurait le temps plus tard d'en faire un cataplasme.

Elle le laissa volontiers se saisir de sa main et suivit le geste qu'il lui imprima. A savoir, venir près du lit pour s'y installer de manières à ce qu'il puisse voir et atteindre la plaie de son épaule. Le trou serait plus exact. Mais Leiah ne pouvait pas voir l'aspect de sa blessure malheureusement. Elle suivit les instructions qu'il lui mimait et s'étendit sur le lit, avec son aide, de façon à se retrouver sur le ventre. Ses chaussures, de fines sandales de cuir, avaient glissées au sol tandis qu'elle prenait la précaution de poser son bras à plat sur le matelas, de manière à détendre son épaule. Elle ramena ses cheveux sur l'autre épaule avec la seconde main. Sa tête se posa alors doucement sur le matelas. Elle résista à la tentation de raidir les épaules, sachant que non seulement ça rendrait la tâche de Joe plus ardue, mais qu'en plus, ça lui causerait une douleur vive.

« _ Je... Aider ? »

Quel calvaire de ne pas parler la même langue. Mais l'apprentissage de ces quelques mots étaient nécessaires s'il elle voulait se faire comprendre un minimum et éviter le mime aux autres. Elle ferma les yeux en attendant la réponse de Joe, et essaya de se préparer à ce qui allait suivre.

La jeune fille s'exécuta et s'allongea sur son lit. En un sens, on pouvait dire que c'était la première fille qu'il amenait dans son lit. Mais ce n'était pas vraiment correct de dire cela.

Voilà qu'elle demander s'il elle pouvait aider. Joe lui fit signe de rester calme et de ne pas bouger. Il avait besoin qu'elle soit tranquille pour réussir cette opération. Chose qu'il n'avait jamais pratiqué auparavant. Mais comme on dit, il y a un début à tout.

Joe: *Qui l'eût cru....*

Le jeune homme posa sa main à côté de la plaie, afin de bouger un peau la peau pour voir comment bouger la plaie, sans la toucher directement. Mais effectivement, ce contact pouvait s'avérer douloureux. A première vue, c'était bien une balle qui avait fait ce trou. Du moins, c'est à cela que ressemblait une blessure par balle dans l'esprit de Joe. Malheureusement, cette blessure était sale. Le sang avait coagulé plusieurs fois et la jeune femme semblait même y avoir appliqué des herbes. Il lui faudrait d'abord nettoyer tout cela avant de pouvoir faire quelque chose de concret pour la blessure.

Mais avant cela il tira la caisse vers lui pour la garder entre ses jambes. Il souleva le couvercle, se saisit de divers objets, et les posa sur le couvercle. Ce serait son plan de travail. L'on trouvait de tout ici. Mais la jeune femme ne pouvait probablement pas se rendre compte. Il y avait des instruments encore sous blister stérile, des flacons et d'autre choses, toujours enfermé dans les blister stérile. On ne plaisantait pas avec l'hygiène, Joe le savait.

Joe: "Vous feriez peut-être mieux de regarder de l'autre côté..."

Il lui fit comprendre ses quelques mots avec des gestes simples. En effet, si elle regardait, en plus de lui ajouter un certain stress, elle risquait de prendre peur en voyant tout ces outils.

Le jeune homme commença alors à déballer ses affaires en les laissant sur les emballages stériles. Il se saisit d'une seringue, y adapta une aiguille et aspira le contenu d'un flacon. C'était de la xylocaïne, un anesthésiant local. Certes, cela n'endormirait aps le bras, ni le muscle, mais au moins la peau et quelques tissus au alentours des piqûres. C'était déjà ça. Pour endormir le bras, il lui aurait fallu un cathéters, utiliser des tubulures, un monitoring et diverses autres choses. Et cela, on n'en trouvait qu'à l'hôpital. Il essaierait de passer peu de temps dans l'épaule. Puis il jeta l'aiguille et en changea pour une plus petite, une intradermique.

Il enfila des gants stériles et posa sa main sur l'épaule, comme pour la rassurer et garder un contact chaud avec elle. De l'autre main, il se saisit de la seringue et l'approcha de l'épaule. Il piqua délicatement et injecta un peu de produit. Il répéta cette action environ 5 fois, autour de la plaie. Puis, reposant la seringue, il frotta doucement les zones d'injection avec son doigt, afin de bien disperser le produit. Le produit agit plutôt vite et Joe se mit en route pour la deuxième étape: le nettoyage.

Il se saisit de compresses et de dosettes de sérum physiologique. Une fois les unes imbibées par les autres, il s'attela au nettoyage de la plaie. En frottant légèrement, il réussissait à retirer les croutes de sang et les diverses autres "saletés" qui l'empêchaient de bien voir la plaie. Il restait tout de même très précautionneux, de crainte de faire mal ou d'aggraver les choses. Mais la plaie fut nettoyée assez vite et la suite des évènements s'annonçait plus techniques.

Il se saisit du scalpel et commença à couper un peu la peau autour de la plaie. Ce n'était pas là des scarifications décoratives, mais il cherchait à agrandir un peu la plaie afin de pouvoir travailler. Effectivement, on ne pouvait espérer récupérer un corps étranger de ce calibre par le seul trou qu'il avait causé. Certes, elle en garderait une marque. C'est pour ça que Joe s'évertua à soigner son geste. On moins, même si elle aurait une cicatrice, cette dernière serait "belle", bien droite. Puis, la plaie fut convenablement agrandie. Il reposa son scalpel et posa sa main sur l'épaule valide de la jeune femme. Jusque maintenant, la douleur avait été atténuée par l'anesthésiant. Mais ça allait être douloureux à présent. Vraiment douloureux. Il faudra être forte.

Il attrapa une petite pince et posa sa main près de la plaie. Il regarda dans l'épaule pour voir s'il apercevait la balle d'ici. Parfait, elle semblait à portée de pince. Mais ça n'allait pas être facile. Au moins, il avait facilité le passage de sortie. Il prit une grande inspiration pour se donner du courage et se jeta dans l'eau, sachant que s'il hésitait, il deviendrait dangereux.

D'une main il tenait la plaie ouverte et de l'autre il maniait la pince. A vrai dire, attraper la balle avec l'outil fut plus facile qu'il ne l'aurait cru. Il eut un petit moment de soulagement. Mais ce n'était pas fini. Il tirait lentement la pince tout en maintenant fermement la balle. Il fallait la sortir et vu le calibre du corps étrangers, ce n'étais pas une chose aisée. Il sentait bien que Leiah souffrait, mais c'était inévitable. Par chance, il ne rencontrait aucunes difficultés à l'extraction de la munition. Si bien qu'assez rapidement, ce fût fini.

Joe posa promptement la pince et la balle toujours en son sein sur la caisse. Il posa sa main sur l'épaule valide de la jeune femme et la caressa un peu. Il lui signifiait que c'était bon, c'était fini. Il fallait encore qu'il ferme la plaie, mais ce ne serait pas bien dur. Il l'avait déjà fait pour lui. Il se saisit du fil, du crochet et d'une pince et, le tout assemblé assez facilement, était prêt à recoudre. D'ailleurs, les sutures furent effectués assez rapidement et avec précision. Il reposa enfin ses outils, et se saisit d'une compresse qu'il imbiba d'antiseptique. Il posa la compresse contre l'épaule de la jeune femme et lui fit un pansement de fortune. C'est à dire de l'adhésive et quelques compresses.

Il repoussa la caisse du pied et posa sa main sur le dos de la jeune fille. Elle avait été forte et c'était fini désormais. Mais, il voulait qu'elle reste allongée un petit moment. Après tout, ce n'était pas un acte anodin que cette opération. Un traumatisme pour le corps. Un acte relativement invasif.

Joe: "Restez comme ça Leiah."

Le jeune homme s'occupa de ranger son matériel et de jeter ce qui avait été utilisé. Il souffla et se regarda dans le seul miroir de son appartement. Ça faisait du bien quand ça s'arrêtait. Un terrible soulagement. Mais il avait réussi. Il avait "opéré" une plaie par balle. Il y avait de quoi être fier en fait. Et le jeune homme l'était tout de même un peu. Quand même.

C'est alors que lui vint une idée. Il retourna dans sa chambre, qui communiquait avec l'autre pièce par un cadran de porte, sans porte, et s'approcha de sa télévision. Il attrapa l'objet et le déplaça un peu sur le côté, de façon à être bien visible depuis le lit. Il fouilla ensuite son étagère et attrapa une cassette. Un film destiné à un jeune public. Selon lui, le vocabulaire serait adapté à ceux qui apprennent, et donc probablement à cette Leiah qui ne connaissait pas l'anglais. Il l'appela par son nom en lui indiquant la télévision, puis enclencha la cassette et le film commença. C'était une classique histoire d'enfants et d'animaux, mais ça devrait aller.

Le jeune homme retourna dans l'autre pièce et s'installa à la table. Il avait gardé la balle et commença à l'observer.

La tête tournée vers ce que faisait Joe, Leiah décontractait ses épaules. Elle essayait de tout faire pour faciliter le travail de son compagnon. Elle ne pouvait rien faire de plus. Mais, alors qu'elle suivait ses gestes avec attention, il lui fit remarquer, par des gestes accompagnant ses mots, qu'elle devrait détourner le regard. Après réflexion, elle jugea qu'il avait sûrement raison et tourna la tête. Elle l'entendit s'affairer, et garda son regard résolument fixer devant elle. Elle sentit très bien l'aiguille glisser dans sa chair, et serra les dents dans l'attente d'une douleur. Mais celle qui se propagea fut minime.

La main qui était posée sur sa peau, même a travers ce qu'il portait, la fit détendre ses muscles qu'elle avait contractés inconsciemment. Leiah avait pensé qu'il agirait dès le départ en retirant le truc gênant grâce à un fer chauffé à blanc, comme le faisait Dame Morgane, mais au contraire, il lui faisait quelque chose qui insensibilisait sa peau. Dame Morgane utilisait de la Menthe Poivrée comme Anaphrodisiaque. Comme Anesthésiant.

Elle sentit bien qu'il nettoyait sa plaie, mais la douleur était quasi-inexistante. Il agissait avec précautions et prévenance. Cependant, quand le frottement s'arrêta, elle fut tentée de fermer les yeux, sachant que l'extraction de quelque chose d'un corps était toujours douloureux. La pointe de flèche qui était restée plantée dans la jambe du soldat qu'elle avait soignée avait été enlevée dès le départ mais il avait crié car le bout de métal était fiché loin dans le muscle. Et aujourd'hui, même si ça allait sans doute être moins douloureux, c'était au tour de Leiah.

Finalement, elle ferma les yeux en sentant qu'il travaillait la peau autour de la plaie. Lorsqu'il reposa sa main sur son épaule, elle se doutait que les choses plus sérieuses allaient commencer. Allez, courage. Le soldat a peut-être crié, mais il n'a pas bougé. Et il n'était pas sous anesthésiant. Elle pouvait bien réussir à rester immobile durant le court laps de temps que durerait l'opération.

Elle serra les dents en ressentant les instruments qu'il utilisait pour extraire l'objet. Elle gardait les yeux fermés et sa main valide se crispa sur le matelas. Mais pas un son ne s'échappa. Peut-être d'ailleurs perdit-elle conscience un instant, car elle lorsqu'elle rouvrit les yeux, il était en train de bander la plaie.

La rousse esquissa un geste pour se relever, mais une pression de sa main sur son dos lui intima doucement de rester allongée. alors, elle retourna la tête pour l'observer ranger ce qu'il avait utilisé. Le sentiment qu'elle éprouvait à ce moment là, ce n'était plus de la douleur ou de la peur. Non. C'était une douce somnolence et un bienfait incroyable en constatant que la douleur s'était apaisée. Son regard suivait vaguement les mouvements du jeune homme.

Il était tout de même étrange. Pas dans le mauvais sens, non. Mais il était le seul qui se soit soucié d'elle. Le seul qui l'aidait. Et il venait d'extraire une chose métallique de son épaule. Il ne demandait rien en échange. Il essayait même de s'adapter au handicap de la langue qu'éprouvait Leiah.

Un bruit attira son attention.. Joe était en train de déplacer un objet carré de manière à ce qu'il soit dans le champs de vision de la jeune femme. L'instant d'après, une sorte d'action se déroula dans la boîte. Elle haussa les sourcils, franchement curieuse, et observa ce qui se passait. Des enfants et des animaux qui bougeaient à l'intérieur de la boîte. Ils parlaient la langue de Joe, mais Leiah saisissait quelques mots, souvent répétés.

Bien vite, cette étrange chose la fascina et son regard suivit l'action à défaut de comprendre le sens des mots. Grâce à l'action, elle sut bientôt ce qui se passait. Elle essaya de comprendre des mots. Mais elle saisit juste les noms des personnages. Un animal parlait, un enfant répondait. Surprenant. Mais elle commença à s'assoupir, la fatigue prenant le pas sur l'adrénaline et sur les autres sentiments. La demoiselle essayait de garder les yeux ouverts, délaissant l'écran pour jeter un œil à Joe qui semblait s'intéresser au projectile extrait de sa chair. Elle le détailla plus attentivement.

Les mèches blanches de ses cheveux étaient plantées vers l'avant de son crâne et les mèches noires étaient à l'arrière. Ce contraste de couleur lui allait bien. Et ses yeux étaient gris, comme pour marquer une nuance entre les deux couleurs de cheveux. D'après son apparence, il devait avoir le même âge qu'elle ou pas loin. Le reste de son corps était caché par ses vêtements sombre, mais d'après le contact qu'elle avait eu avec lui, elle le devinait bien bâti.

Lentement, les paupières de Leiah se fermèrent. Le choc de toutes ses émotions était passé et il ne restait que la lassitude. Avant de capituler, elle rouvrit les yeux et prononça ce mot qui revenait souvent lorsqu'un des animaux aidaient les enfants dans la scène qu'elle avait regardé quelques instant plus tôt dans la boîte carré.

« _ Joe... Merci... »

Elle espérait qu'elle venait bien de le remercier et pas de l'insulter. Car ça aurait été dommage ça. Elle ferma un instant les yeux, mais ne les rouvrit pas tout de suite. Lorsqu'elle les rouvrit, la luminosité de la pièce avait changé. Combien de temps s'était-il écoulé pendant qu'elle dormait d'un sommeil sans rêve ? Où était Joe ? En tout cas, elle se sentait mieux. Plus reposée. Et elle se redressa doucement craignant une douleur de son épaule, mais celle-ci resta absente. Une certaine gêne se ressentit sur la blessure. Le bandage sans doute. Ou le fait que ça ait été recousu. Peu importe de toutes manières.

« _ Joe ? » Appela Leiah, un peu inquiète maintenant qu'elle était plus reposée.

"Merci". Joe tourna la tête en entendant ce mot. Elle venait de le remercier. Le remercier parce qu'il l'avait soigné. Ceci s'avérait bien étrange à vrai dire. Pendant près de dix ans, le jeune homme s'était efforcé de vivre à l'écart des autres, à ne pas se lier aux autres et surtout ne pas se mêler de ce qui ne le touchait pas. Et voilà qu'en l'espace d'une journée il avait rencontré une jeune fille, l'avait aider à s'échapper, l'avait amené chez lui et l'avait soigné. Vraiment, ce n'était pas une journée normale. Il prenait peut-être des risques. Trop de risques? Surtout que cette jeune femme, il ne la connaissait pas. Comment savoir ce dont elle était capable et quelles pouvaient-être ses intentions?

Mais ces détails furent très vite futiles, éclipsés par la vision qu'il avait de la jeune fille lutant contre le sommeil. Elle sembla résister un instant puis se laissa gagner par le sommeil. Paisible, elle semblait si paisible. Le jeune homme s'approcha de la jeune fille endormi et s'accroupit à côté du matelas. Il regarda brièvement la blessure, mais à vrai dire, ce n'était pas vraiment cela qui l'intéressait. Il regarda son visage endormi. Il fallait bien avouer que, même ses yeux bleus fermés, elle restait charmante. A bien y regarder, ses traits étaient fins. Assez fin pour qu'elle soit de son âge. Même si habituellement, les jeunes filles de son âge ne se faisaient pas tirer dessus.

Joe se redressa et, espérant qu'elle reste ainsi assoupi un moment attrapa ses clés, sa veste et sortit de chez lui en veillant à bien verrouiller sa porte. Il devait faire un tour. Un petit tour. Au moins histoire de repenser à cette histoire. C'est ainsi qu'il se retrouva à errer dans Liberty City.

Quand il revint chez lui, il faisait presque nuit. Joe n'avait pas l'heure sur lui, mais à vue d'œil, il devait être environ 20h00. Il avait, effectivement, bien trainé dehors, mais ne revenir pas les mains vides. Il prit l'ascenseur et entra dans son appartement après avoir déverrouiller la porte. D'ailleurs, il semblait qu'il rentrait juste à temps puisqu'il entendit sa jeune invitée l'appeler, inquiète. Il posa deux sac sur al table de la cuisine et regarda la jeune femme sur le matelas. Il lui fit un signe de la main pour signifier son retour et s'approcha d'elle.

Arrivé à son niveau, il s'accroupit afin d'être plus proche d'elle et regarda son visage puis la blessure. Tout avait l'air bien. Il leva sa main comme pour lui faire comprendre d'attendre un peu, puis alla chercher les sacs en papiers qu'il avait ramené de son escapade. Revenant vers elle, il s'assit au bord du matelas et plongea sa main dans le sac pour en ressortir, un, puis deux, puis trois "trésors".

Il disposait à côté d'elle les victuailles. Il y avait une boite de six donuts aux goûts divers, quelques pèches et une tablette de chocolat. Il ouvrit l boite de donuts et se saisit d'un des beignets. Puis, il en mangea un bout. Ainsi, Leiah comprendrait que c'était de la nourriture. Elle devait manger pour reprendre des forces. Et, quelque peu amusé par les découvertes de la petite rousse auparavant, avait tenté de reproduire l'expérience. Après tout, si dans son pays il n'y avait pas de télévision, elle ne devait pas connaitre les donuts. Les pèches étaient des fruits assez répandus depuis la renaissance, puisqu'elles furent importé de chine. Quand au chocolat, Joe savait l'attrait qu'il représentait souvent pour les filles. Il espérait ne pas s'être trompé.

Puis, une idée lui venant, il se leva et se dirigea vers la télévision qu'il ralluma. Cette fois, au lieu de la cassette enfantine de tout à l'heure, il choisit un dvd dans son étagère et le mit en route également. C'était un film où des super flics tiraient sans relâche avec leur pistolet qui devait avoir des chargeurs d'au moins une cinquantaine de balles chacun. Il essayait de montrer à Leiah ce qui l'avait touché, et à quel point les gens mourraient vite avec ce genre d'arme.

Puis, il repartit en cuisine afin de lui ramener la balle, toute écrasée. Il prit sa main dans la sienne et déposa la balle au creux de celle-ci. Il la regarda presque gravement. Cette balle aurait pu finir par la tuer si elle avait continué à la laisser dans son épaule.

Leiah se frotta les yeux, chassant les dernières brumes du sommeil. Elle se rasséréna en voyant Joe qui arrivait. Il avait dû sortir faire un tour car il portait des sacs avec lui. Elle lui sourit, constatant avec un certain soulagement qu'il ne l'avait pas abandonnée ou oubliée, et l'observa qui alla chercher les sacs pour les ramener vers le lit. Elle se redressa mieux et se mit en position assise. Ses cheveux paraissaient emmêlés, mais glissant ses doigts dans sa chevelure, elle leur rendit bien vite leur volume originel et les boucles se formèrent d'elle-même, cascadant de nouveau dans son dos. Son regard lorsqu'elle se réveillait, avait la couleur du lapis-lazuli. Elle le posa sur ce qu'il sortit des sacs. Des pêches, des trucs ronds percés d'un trou ressemblant aux brioches de Dame Morgane en miniature, et une tablette de quelque chose couleur marron noir.

C'est en voyant tout ceci, et en regardant Joe manger un bout de l'espèce de brioche miniature qu'elle entendit son ventre gronder. Elle avait peut-être un peu faim. Et ses yeux s'illuminèrent d'une joie toute enfantine en goûtant la même chose que tenait le jeune homme. D'abord perturbée, elle apprécia bien vite le goût de l'aliment et sourit, ravie. Elle en croqua quelques bouchées avec un délice toujours plus présent. Non seulement c'était bon, mais son estomac se calmait. Dès qu'elle eut fini la pâtisserie, elle prit une pêche et croqua dedans. Le jus sucré envahit sa bouche et la désaltéra quelque peu tandis que la chair du fruit fondait sous la langue. La pêche fut finie rapidement. C'était un des fruits que Leiah appréciait le plus après le raisin et les cerises. Enfin, elle s'intéressa à ce qui restait qu'elle n'avait pas encore goûté. N'étant pas des temps moderne, elle ignorait ce qu'était le chocolat qui ne fut importé que bien plus tard après la découverte de l'Amérique. Alors, curieuse et ravie de la délicate attention de son hôte, elle prit l'aliment dans sa main. Elle déchira le papier et reposa la tablette à plat dessus. Pleins de petits carreaux. Sans doute à détacher pour manger séparément. Elle en brisa un, après quelques tentatives infructueuses, et porta le morceau à ses lèvres. L'odeur de ceci était absolument délicieuse, donnant envie d'en manger. Et le goût se révéla à la hauteur de ce que promettait le doux fumet s'en dégageant.

Elle sourit de toute ses dents à Joe, comme une gamine qui vient d'avoir des cadeaux, et croqua dans une autre pêche. Ce fruit que Dame Morgane lui avait rapporté de ses voyages à travers le monde était l'un de ses préférés justement parce qu'ils étaient rare à l'époque où elle était. Elle ferma donc les yeux pour savourer le nectar un peu acidulé et sucré qui ravissait ses papilles gustatives.

Puis Joe alla de nouveau vers cette boîte qui présentait des choses à l'air réel. La scène des enfants et des animaux que Leiah s'attendait à revoir fut remplacée par une scène où elle voyait des gens comme elle et Joe qui se battaient. Ils avaient à la main des choses noire. Ces choses produisirent le même bruit que celui qu'elle avait entendu lorsqu'un projectile l'avait heurté. Elle sursauta, manquant de lâcher sa pêche. Les gens qui subissaient l'attaque de ce qui était une arme puissante tombaient à terre et semblaient être morts. Alors, Leiah se dit qu'il devait y avoir eu de la magie pour qu'elle survive, ne comprenant pas le fonctionnement de cette arme. Elle leva les yeux vers Joe qui revenait avec une petite chose métallique entre les doigts. Il la déposa dans sa main. La levant à hauteur de ses yeux, Leiah examina le projectile métallique qui avait dû se ficher dans son épaule. Un coup d'œil à la boîte à image et elle comprit. C'était ça qui touchait les gens quand le bruit retentissait. Et ça devait être comme les arcs, il fallait viser.

Le visage de Joe était grave. Comme pour lui montrer à quel point elle était passée près de la mort. A cette pensée, un frisson fit dresser les petits cheveux de sa nuque. Soulagement d'être encore en vie et peur de ce qui aurait pu arriver. Elle serra les doigts autour du métal froid, qui se réchauffait au contact de sa chaleur, et son regard prit une lueur interrogatrice. Elle se demandait si beaucoup de gens avaient cette arme mortelle. Mais comment le faire comprendre au garçon ? Par quelques gestes maladroits, elle essaya de lui expliquer. Elle rajouta quelques mots dont elle savait à peu près la signification pour clarifier le tout.

« _ Beaucoup ? » Elle mima l'arme et le tir puis montra la balle en disant : « _ Mal ? »

Elle se releva alors et posa la balle sur le matelas. Elle posa sa main gauche sur le bras de Joe et se blottit contre son torse. Là, elle réitéra ses remerciements. Sa voix avait un accent rauque. De la gratitude et de la peur mêlée. Heureusement qu'il avait été là. Car elle ne doutait pas que les deux autres gardiens avaient aussi ce genre d'arme.

Puis elle s'écarta, et resta un instant à hésiter sur le fait de se rassoir ou pas, pour finalement décider de rester debout. Elle se demandait quoi faire maintenant. Elle ne pouvait pas continuer à embêter Joe. Mais surtout, elle avait besoin d'apprendre la langue. Elle jugea que ce dernier point était même crucial. Alors, elle reprit la balle et le montra d'un air interrogateur à Joe. Elle fit la même chose avec la pâtisserie et la tablette, puis pointa du doigt la pêche suivit de la boîte à images animées.

La jeune fille se régalait, et quelque part, ça faisait plaisir à Joe. Il ne s'était pas totalement trompé. Tant mieux. D'ailleurs, elle engloutissait les denrées aussi vite qu'elle les découvrait. Elle devait avoir faim. Depuis quand n'avait-elle pas mangé au juste? A vrai dire, le jeune homme n'y pensait pas vraiment à l'instant, légèrement attendri par la scène. Alors que la jeune fille était déjà charmante, la voir grignoter ainsi toutes ces sucreries, le sourires au lèvre, la rendait encore plus mignonne. Drôle de journée.

Les images de fusillades firent sursauter la jeune femme. Après tout, il y avait de quoi. Mais, une lueur dans ses yeux indiqua à Joe qu'elle reconnaissait là l'arme de mort qui l'avait attaqué. Au moins, maintenant, elle serait à quoi cela ressemblait et fuir si elle en rencontrait d'autres. Comme par exemple plus tôt dans la journée, quand elle avait voulu échapper aux deux gardes du corps. L'intuition du jeune homme lui disait que les gros costauds étaient eux aussi armés. D'ailleurs, Leiah réussit une fois de plus à sortir deux mots dans la langue de Shakespeare. Beaucoup et Mal. Le jeune homme ne comprit pas de prime abord. Alors, il réfléchit aux divers sens que pouvait avoir ces mots. Peut-être trouverait-il ce que son invitée lui demandait.

C'est alors que tout lui apparu clair comme de l'eau de roche. Il ne sut trop quoi répondre et se contenta alors d'affirmations graves. Il y avait beaucoup trop de gens armés de pistolet, et d'armes à feu en général. Et évidement, cela était une mauvaise chose puisque peu d'entre eux avaient des intentions louables avec de tels engins. Tantôt utilisé pour le vol, tantôt par pure vengeance. Des fois même ces armes étaient utilisés par simple plaisir de tuer. Le monde était une jungle.

Mais ces sombres pensées furent vite chassée par le contact de Leiah. La jeune femme s'était blotti contre lui, le remerciant. Son corps chaud et ses remerciements sincères troublèrent quelques peu Joe. Il n'était pas habitué à ce genre de choses. Être remercié. Qu'on se serre contre lui. Et qu'en plus ce soit une jolie fille. Vraiment quelle étrange journée qu'il n'oublierait pas de si tôt.

C'est alors que la jeune fille lui montra la balle. Son regard interrogateur et son doigt pointé vers l'objet laissèrent penser à Joe qu'elle souhaitait savoir ce que cela pouvait bien être. Puis elle désigna du doigt d'autres objets. Voulait-elle entendre les mots y correspondant? Était-ce là une tentative pour apprendre la langue du jeune homme? C'était une bonne idée après tout. Pourquoi pas. Il commença alors à dire distinctement le nom des objets qu'elle lui montrait. Il se prit même aux jeux et lui montra d'autres objets en les nommant.

Joe: "Balle. Donuts. Chocolat. Pèche. Télévision. Lit. Table. Chaise. Mur. Fenêtre...hum...Main. Bras. Et....oh..."

Il lui vint une nouvelle idée. Décidément, aujourd'hui ça n'arrêtait pas. Et tant mieux. Il pensait à ces cassettes que l'on mettait aux enfants pour qu'ils apprennent les mots. C'était souvent des défilés d'image, accompagné de mots. Et la plupart du temps, c'était des mots simple et souvent utilisé. Mais ça ne restait que des mots et pas de la grammaire. Mais qu'importe, c'était là un très bon début. Il se mit donc en quête de la cassette. Tout de même, en 2010, il était relativement chanceux de posséder encore un caméscope, intégré dans sa télévision. Et surtout les cassettes qui vont avec. Puis, la victoire. La tant convoitée vidéos entre les mains, le jeune homme la nomma pour Leiah, et fier de sa trouvaille, la mit dans la télévision. La vidéo commença.

Le jeune homme se rapprocha de Leiah et tout en lui montrant le mouvement adéquat, lui suggéra de s'assoir sur le lit pour mieux regarder les images.

Joe: "Assis...lit..."

C'est alors qu'une douleur au niveau du cœur vint lui rappeler la dure réalité des choses. Voilà que la maladie reprenait le dessus. Un bref coup d'œil au calendrier lui remit en mémoire la croix prévue à ce jour. C'était le jour de la piqûre. La piqûre concernant sa maladie génétique. Il s'éclipsa dans l'autre pièce, discrètement, pendant que la jeune rousse apprenait des mots.

Il s'assit sur une chaise et sortit, à nouveau, du matériel. Il ouvrit le frigo, et, à côté des boissons, il y avait quelques seringues remplies de liquide. Il se saisit de l'une d'entre elle et retourna s'assoir tranquillement. Par chance, il avait un stock de piqûre relativement important. Et heureusement. Ce genre de médicament était assez rare, et dur à se procurer. Chaque fois, c'était une organisation quasi militaire pour réapprovisionner ses stock.

Il attrapa un garrot et remonta l'une de ses manches. Évidement, il garda le bras de façon à cacher ses modifications corporelles. La jeune femme était déjà assez perdue comme ça. Il noua le garrot autour de son bras avec l'aide de sa bouche et de sa main libre. Il serra fort et les veines ressortirent. Il ouvrit l'emballage d'une main et retira le capuchon protecteur de la seringue avec ses dents. L'aiguille placée au dessus d'une veine et l'instant d'après, sans hésitation, l'aiguille avait pénétré le vaisseau. Depuis le temps qu'il faisait ça, le jeune homme était devenu un expert. Le garrot fut détaché sans somation. Il injecta le produit lentement et ce dernier lui procura un soulagement presque immédiat. Il était même un peu désorienté, à causes des divers produits euphorisants présent dans la seringue. C'était un médicament qui non seulement soignait temporairement les malades, mais en plus venait un peu les euphoriser histoire d'endormir leur angoisse quand à la maladie qui se révélait à terme mortelle. Si pendant leur piqûre, les patients ne pensaient plus à la maladie, et que le reste du temps, rien ne venait la rappeler à leur esprit, ils pouvaient presque vivre heureux.

Joe restait sur sa chaise, la tête penchée en arrière, regardant le plafond, soulagé et légèrement grisé. La seringue avait été reposé sur la table, à côté du garrot. Quelques gouttes de sang perlaient au bout de l'aiguille et au niveau du point d'injection, que le jeune homme pressait avec son autre main.

Apprendre qu'il y avait beaucoup d'armes comme celles qui l'avait blessée, c'était un peu terrifiant. Pas déstabilisant par contre. Elle avait rencontré énormément de personnes armées. Mais ces armes là étaient moins impressionnantes que celle dont elle avait été victime. Mais elle chassa cette idée de sa tête et se concentra sur les mots qui sortaient de la bouche de Joe. L'objet métallique qu'elle tenait dans sa main était une balle. D'accord. Ce mot était retenu. La pâtisserie délicieuse qu'elle avait mangé, c'était Donuts. Aucun souci pour ça non plus, le nom resterait en mémoire. Ensuite, les carreaux de ce truc sucré tellement bon, c'était Chocolat. Miam... Quand au fruit, ça se prononçait Pêche dans son langage. Au moins, elle pourrait demander à manger. Le regard posé sur la boîte à image, elle apprit que c'était Télévision. Quant à là où elle avait dormit, c'était Lit. Plus loin, c'était Table, Chaise. Et ce qui les entourait, Mur. A l'intérieur du Mur, il y avait une Fenêtre. Elle connaissais donc maintenant la correspondance dans la langue de Joe pour certains de ces mots. Il lui apprit également le mot Bras et Main.

La capacité de mémorisation de la jeune femme était impressionnante, mais elle avait ses limites. Elle ne retiendrait sans doute pas tout, et serait obligée de redemander plus tard. Mais en attendant, elle se les récitait dans la tête en les regardant afin d'en graver le plus possible dans sa mémoire. Pendant qu'elle faisait cet exercice, Joe parut avoir une idée puisqu'il chercha quelque chose pendant un instant. Cette chose trouvée, il la glissa dans la Télévision et l'image se mit en route. C'était un défilement d'image fixe d'ailleurs. Et une voix prononçait les mots d'un ton calme et sur un rythme assez lent pour pouvoir se le répéter dans la tête deux fois avant de passer à l'image suivante.

Joe lui fit signe de s'asseoir. Et il accompagna son geste par les deux mots clés qui pourraient être dans une phrase simple. Elle se posa donc sur le lit, une nouvelle fois, et sourit à Joe avant de reporter son attention sur la Télévision. Elle était consciencieuse dans tout ce qu'elle faisait et tenait à apprendre un maximum de ce langage. Ses yeux de saphir étaient dirigés vers l'écran de la Télévision et observaient avec attention les images. Du coin de l'œil, elle perçut un mouvement. Joe allait sans doute vaquer à ses occupations pendant qu'elle intégrait quelques notions de sa langue. Et Leiah n'allait pas l'en empêcher. Il était chez lui, il l'accueillait, et il l'aidait dans sa démarche d'apprentissage après l'avoir soignée. D'ailleurs, il faudrait qu'elle trouve quoi faire pour un remerciement qui ait la valeur de ce qu'il faisait pour elle.

Ceci dit, l'attention de la jeune femme restait braquée sur la Télévision pendant que des pensées confuses agitaient son esprit. Certains images lui semblèrent familière. En regardant autour d'elle, elle se rendit compte que c'était parce que certaines choses étaient présentes dans la demeure du garçon. La Veste par Exemple. Ou bien le Matelas. Alors qu'une image de médecin apparut, Leiah l'associa aux gens qui l'avaient attrapée au départ. Ceux qui lui avaient fait des piqûres. Et l'image d'après, un Policier, lui rappela ce même genre de souvenir. A l'écran suivait ensuite l'image de l'eau. Ce qui réveilla la soif de la demoiselle. Elle se leva et, ne sachant comment arrêter les images un instant, elle se résolut à les laisser défiler pendant qu'elle allait demander à Joe si elle pouvait avoir de l'eau. Car pour l'image, l'action associée ainsi que ce qu'il fallait pour se servir de l'eau avaient été prononcés. Elle se sentait donc capable de prononcer quelques mots pour lui faire comprendre sa soif. Elle ne connaissait pas toutes les formules de politesse par contre. Pas dans sa langue.

Elle entrait dans la pièce où était Joe était commençait à déclamer, d'une voix encore un peu hésitante, sa demande lorsqu'elle aperçu l'état dans lequel était le garçon. Pas blessé gravement, non. Mais il avait l'air... Ailleurs. A côté, Leiah aperçut ce qui était utilisé pour piquer. Autant par les médecins que par Joe tout à l'heure. Des gouttes de sangs étaient sur le bout. Et Joe se tenait le bras. Ou le serrait plutôt. Oui. Il serrait son bras. Inquiète, ne sachant ce qu'il avait, Leiah oublié bien vite ce qu'elle était venue faire et se rapprocha du jeune homme. Elle se pencha vers lui et posa sa main gauche sur son épaule, avec précaution, en demandant d'un ton plein d'inquiétude et de sollicitude :

« _ Joe.. Avoir Mal ? »

Elle ne savait quelle attitude adopter et attendait un signe du garçon pour être certaine qu'il n'y avait pas de danger. Même s'il n'avait pas l'air de souffrir, elle s'inquiétait.

Le jeune homme n'entendit pas vraiment la jeune fille entrait dans la pièce où il se trouvait. Peut-être à cause du fait que dans son petit appartement, il n'y avait qu'une porte, celle de l'entrée. Quelle idée aussi de récupérer un appartement ans porte? Il aurait pu prendre celui du cinquième étage, qui lui avait toute ses portes. Mais non, Monsieur Joe voulait avoir un balcon. Et ceux du cinquième étaient en ruine.

Leiah lui demanda s'il avait mal en lui posant la main sur son épaule, inquiète. Mais bien sûr, vu l'état dans lequel il était ses réactions et surtout sa compréhension des choses avaient pris un sacré coup. Il ne comprit pas immédiatement les mots ni ce qu'il se passait. Puis finalement, un "éclair" de compréhension sembla se fraya un chemin très difficilement dans son regard. Il se dit qu'il devait vite cacher son bras. De toute façon, c'était bon, il avait déjà arrêter de saigner. Il chercha de la main sa manche relevée, et après avoir eut du mal à l'attraper, la fit descendre le long de son bras, par des mouvements saccadés. Oui, Joe avait, étrangement, développé une sorte d'hypersensibilité aux produits psychotropes en tout genre. Et dès qu'il était exposé à ce genre de produit, rien n'allait plus.

Joe: "Non. Joe..Mal...Pas..."

Il tourna son visage vers la jeune rousse, non sans difficultés, et la regarda un moment. Enfin, il semblait la regarder à travers des yeux vitreux. En réalité, il avait juste tourné la tête vers d'où provenait le son. Il ne voyait actuellement plus vraiment bien, ne réussissant pas à accommoder la distance focale de ses yeux. En gros il voyait tout très flou. Mais il avait pris l'habitude de ce genre de choses.

D'un geste maladroit, il monta son bras haut, en se servant du bras de Leiah comme tuteur. Puis il posa sa main chaude contre la joue de la jeune fille. Il la caressa un peu, comme absent.

Joe: "Leiah gentille...et jolie..."

Il planait. Les mots qui sortaient de sa bouche réussissait tout juste à être articulés, mais ne formaient pus de phrases à la syntaxe cohérente. A vrai dire, quand il avait entendu la jeune fille s'exprimer, son cerveau s'était calé sur ce mode de communication simpliste, trouvant cela plus simple que de réfléchir. De toute façon, réfléchir, il ne pouvait plus à l'heure actuelle.

Il se releva, tout en laissant sa main sur le visage de son invitée et s'avança vers elle. A vrai dire, il essayait juste de marcher à côté d'elle, mais ses mouvements étaient eux aussi trop approximatifs.

Joe: "Joe..fatigué....dormir...lit"

Il essaya de contourner la jeune fille mais ses jambes ne tournèrent pas. Il allait lui rentrer dedans. Enfin, presque. Au dernier moment, il réussit à esquiver cette dernière, non sans perdre l'équilibre et manquer de tomber. Heureusement pour lui, il resta debout, un moment recroquevillé comme pour reprendre des appuis stables.

Tout tournait dans sa tête. Le monde n'avait plus ni haut ni bas. Tantôt il se sentait aspirer par le sol, tantôt aspirer par le plafond. Le jeune homme en fut rassuré. si le plafond aspirait aussi fort que le sol, il ne devrait pas trop bouger. Mais pour avancer, il aurait fallut que le mur l'aspire à son tour. Peut-être que le mur n'était pas au courant. Faudrait-il le lui faire comprendre. Joe ne se souvenait pas parler "le mur" mais il se dit qu'en le regardant fixement, le mur finirait par comprendre qui décidait et se dépêcherait de l'aspirer, comprenant la situation précaire de l'hôte des lieux, en crise entre le plafond et le sol.

Il essaya de se tourner vers la jolie rousse qu'il avait cru apercevoir il y avait pas si longtemps. Après un ou deux tour sur lui, il la repéra, dans son dos. Pourquoi était-elle là déjà? Pour manger? Probablement. Mais savait-elle faire à manger? Après tout, ils étaient tout deux dans l'appartement de Louis foie de lion. Ou un truc du genre. A vrai dire, tout était si embrouillé dans son esprit que Joe ne savait plus quel prince leur avait prêté son palace. Mais il se souvenait très bien d'où se trouvait la nourriture. Dans une caisse blanche qui inventait de la lumière. Il la cherchait des yeux et pointa alors la grosse tache blanche et floue qui était dans un coin.

Joe: "Manger...Miam!"

Il resta ainsi, quelques minutes debout. Sa tête tournait de plus en plus. Mais où avait-il chopé un tournis pareil? Est-ce que quelqu'un en était malade et contagieux? Pourquoi aussi échanger des seringues avec un malade du tournis? Ce n'était pas trop sérieux ce genre de pratiques. Et tout ça pour quoi? Pour s'injecter du soleil liquide dans les veines. Il devait bien y avoir un autre moyen d'avoir du soleil dans le cœur. Peut-être en buvant du jus de soleil.

En bref, Joe délirait totalement. Mais beaucoup plus que d'habitude. A vrai dire, on ne savait trop pourquoi, mais cette dose était sacrément chargé en agents hallucinogène. Et bien sûr, Joe subissait de plein fouet.

Il ne sut trop comment, mais il se retrouva à côté de son matelas. Du moins, c'est ce qu'il croyait. Peut-être était-ce un lit déguisé en matelas. Ou l'inverse. Comment savoir? Il aurait fallut demander à la brigade des matelas d'arrêter ce matelas frauduleux. Mais pas maintenant, il avait trop sommeil. Il coucherait tout de même avec l'ennemi ce soir et le vendrait demain aux personnes compétentes. Mais si on s'apercevait qu'il avait couché dessus, on risquait de lui tondre les cheveux de la tête. Il ne devrait rien dire à ce sujet surtout. Mais voilà que le plafond avait arrêté d'aspirer, complètement essoufflé. Le sol lui en profita pour faire un grand coup, et Joe le rencontre précipitamment.

L'homme s'était effondré, à moitié sur le matelas, et à moitié sur le sol. Heureusement pour son esprit, il s'était endormi. Heureusement, car, comme chaque être humain normal, les délires et les hallucinations abimaient toujours un peu plus le cerveau. Alors qu'une fois ces délires cantonnaient aux rêves, l'effet néfaste se voyait réduit, presque effacé.

La nuit passa, mais Joe rêvait. Il rêvait même beaucoup. Des rêves d'abord très incohérent avec des animaux de diverses couleurs qui venait chez lui pour boire le café et finissait par lui voler tout son "Schanluff", sorte de petite poudre très jolie à regarder. Puis, peu à peu ses rêveries se transformèrent. Elles devinrent plus réelles. Elles étaient toutes construites d'images du passé, et surtout, elles étaient toutes mauvaises. Des cauchemars en quelques sortes. Il arrivait souvent à Joe de cauchemarder, mais sous l'effet de substance, c'était inévitable. Il était constamment réveillé au milieu de la nuit, complétement affolé et en sueur. Et d'ailleurs, c'est ce qui arriva. Il se redressa subitement, assis sur le matelas, encore tout affolé. Son visage était en sueur et mit un petit moment avant de reprendre contact avec la réalité. Vu la luminosité ambiante, il approxima l'heure aux alentours de quatre heures du matin.

Mal de crâne, il se souvint des épisodes de la veille et se souvint de la jeune fille qu'il avait soigné. Où était-elle à présent? Et pourquoi cette dose là l'avait complétement achevé? La plupart du temps, il s'en sortait mieux que ça. Était-ce un signe de pire dans son état?

Sous le regard inquiet de Leiah, Joe mit un instant avant de répondre. Avant cela, il sembla rabattre sa manche sur son bras. Celui qu'il tenait quelques instants auparavant. Et il répondit par quelques mots simples que la jeune femme comprit. Il sembla ensuite la regarder, mais sans la voir. Elle ne frémit pas en le voyant monter sa main vers sa joue, mais se demandait ce qui arrivait à celui qui l'avait si gentiment accueillie. Elle frissonna lors du contact de la main du jeune homme contre sa joue, et se demandait ce qu'il se passait exactement. Les gens étaient-ils tous si bizarre dans ce monde ? Il semblait être comme ailleurs. Cette attitude rappela à Leiah celle des gens interrogés par Dame Morgane. Ils étaient comme ailleurs après l'interrogatoire. Et généralement, ils n'étaient plus sur Avalon le lendemain. Leiah ignorait ce qu'il advenait d'eux.

Quoi qu'il en soit, l'état de Joe à cet instant était le même. Ils prononça d'autres mots, dont le nom de Leiah, mais elle eut un peu de mal à en saisir le sens. Les mots eux-même ne signifiait rien à l'esprit de Leiah, cependant le geste effectué peu avant donna un indice sur la signification de ce qu'il disait. Elle lui sourit doucement, pendant qu'il se relevait, et gardait une main en contact avec le bras du garçon. Il parla à nouveau. Leiah comprit la majorité des mots et en déduisit les autres. Elle se demandait s'il n'allait pas tomber car, en voulant la contourner, il vacilla. Elle s'apprêtait à tendre la main pour le soutenir, mais il réussit à tenir debout, restant un instant immobile avant de devenir vraiment bizarre, à tourner sur lui-même une ou deux fois, puis s'arrêta face à Leiah.

Le regard stupéfait, les sourcils froncés, elle se demandait ce qui passait par la tête de Joe. Il tendit la main vers une boîte blanche, plus grande que la télévision et plus haute. Il parla de manger. Une réserve à nourriture ? Elle se déplaça doucement vers cette grande boîte blanche et posa sa main sur un côté. Le métal était froid. Commet ça s'ouvrait ? En tirant peut-être. Elle essaya de tirer vers le haut, vers le bas, avant de trouver que ça s'ouvrait par le côté. En ouvrant, il y eu une brusque luminosité. Fermant les yeux un court instant, elle les rouvrit pour découvrir de la nourriture gardée dans cette boîte blanche. Blanche et froide. De plus, la fraîcheur qui s'en dégageait convainquit Leiah de refermer la boîte. Elle demanderait ce que c'est à Joe plus tard.

D'ailleurs, en parlant de Joe, Leiah entendit un grand bruit dans la pièce avec le lit. Elle courut pour voir si Joe allait bien. Il était à moitié effondré sur le matelas, l'air endormi. Elle s'accroupit près de lui et put voir qu'il respirait profondément. Il dormait bel et bien. Elle essaya de le pousser comme elle le put afin qu'il soit correctement allongé sur la totalité du lit et qu'il n'ait pas de courbature en se réveillant après. Elle alla chercher la veste blanche qu'il avait lorsqu'elle l'avait rencontré, veste qu'elle avait porté le temps de venir jusqu'ici. Il y avait une tâche de sang au niveau de l'épaule, mais ça irait pour le recouvrir. Les draps et couvertures étaient sous lui et elle ne voyait pas comment le soulever pour les passer par-dessus. Alors bon. Elle improvisait.

Ceci fait, elle s'assit près du lit et resta veiller Joe. La télévision montrait toujours des images et des mots. Elle en profita pour continuer son apprentissage pendant qu'il dormait. Elle resta un long moment éveillée, s'abreuvant des mots et des images, s'appropriant les bases du langage de Joe. Pendant ce temps, le garçon bougeait par moment, et sembla faire des cauchemars un peu plus tard dans la nuit. Leiah posa sa main sur le dos du garçon, comme pour s'assurer qu'il allait bien. Elle dut d'ailleurs s'endormir à son tour. La télévision ne diffusait plus rien depuis un moment et elle avait passé un moment à faire le tour de la demeure de Joe.

La tête posée sur le matelas, elle ferma les yeux. Elle glissa à terre en bougeant, et se réveilla. Se frottant les yeux, la rousse se releva. Elle avait dû dormir un moment. L'appartement était plongé dans la pénombre. La seule luminosité provenait de la télévision. Et de la lune qu'on apercevait par la fenêtre. Elle alla près de celle-ci et l'ouvrit. L'ouverture était à sa hauteur. Elle put donc s'y accouder et observer le ciel nocturne, les étoiles brillantes et la lune faire sa course dans le ciel. Elle repensa à Avalon. On y voyait le ciel aussi. Mais il était différents. Les étoiles formaient toujours des constellations, mais pas les même. Leiah devait donc être bien loin de l'île. Mais où ? Telle était la question.

Elle avait quitté Joe alors qu'il semblait un peu plus calme, mais un mouvement dans la pièce lui indiqua qu'il venait de se réveiller. Quittant la fenêtre, elle la referma et se rendit de nouveau dans la pièce où elle avait laissé Joe. Il ne pouvait la voir pour le moment car l'ombre l'enveloppait entièrement, comme un manteau. Elle ne resta pas longtemps dans l'ombre et se rapprocha de lui. La bretonne posa sa main sur l'épaule du jeune homme et lui sourit. Elle avait appris pas mal de mot avant que la télévision n'arrête les images, et elle put maintenant lui demander à boire avec quelques mots simples. Pas de conjugaison par contre, ni de grammaire. De simples mots. Mais avant, elle tenait à savoir comment il allait.

« _ Toi... Tu aller... Bien ? »

Sa voix était douce mais avec un accent rauque. Le fait de n'avoir pas parler pendant un long moment avait altéré sa voix. Mais elle restait tout de même agréable à entendre.

Leiah observait le garçon, attendant une réponse qu'elle espérait positive. Elle aimait bien Joe. Le premier qu'elle venait à considérer comme une personne digne de confiance depuis que Dame Morgane avait utilisé un sortilège sur elle pour l'envoyer ailleurs.

Joe crut apercevoir une présence dans le noir de la pièce, mais impossible à vérifier de sa position. Il faisait bien noir et la lumière de la lune entrant par la fenêtre n'apportait que peu de lumière finalement. Mais il fut fixé quand la jolie rousse sortit de la pénombre pour s'approcher de lui. Ainsi elle était resté. Pas que cela surpris énormément le jeune homme, mai quand bien même, c'en était assez, rassurant. Elle posa sa main sur son épaule et lui sourit. Elle souriait beaucoup tout de même. Joe n'était pas habitué. Et puis, il fallait dire que c'était assez plaisant, de voir des sourires qui lui étaient adressés.

Et même plus. Elle lui demandait comment ça allait pour lui. Enfin, c'est ce que Joe comprit dans les quelques mots, fort d'un accent étranger au jeune homme, que la jeune femme débitait avec quelques hésitations. Il n'avait jamais parlé à des étrangers auparavant. Jamais eu la sensation que malgré la ressemblance entre les hommes, les différences pouvaient tant les éloigner. Mais quand même, l'expérience n'était pas désagréable.

Joe: "Oui, je vais bien."

Il afficha un petit sourire comme pour accompagner ses dires. Il ne pouvait s'empêcher de constater les progrès de l'étrangère, qui semblait avoir élargi son vocabulaire. Elle devait avoir passé des heures devant la télévision. Des heures durant lesquelles Joe était ailleurs. Vraiment, ça n'était pas convenable de la part de l'hôte qu'il s'improvisait de laisser son invitée seule, pendant qu'il dormait. Il se rappela s'être fait l'injection de la survie et d'avoir complètement déliré par la suite. La dose était différente des autres, il l'avait senti. Il devrait peut-être se renseigner là-dessus. Mais pour l'instant, il souhaitait s'excuser. Il prit une mine attristée et regarda Leiah. Il voulait s'excuser de son attitude de la veille et de n'avoir pas tenu compagnie à son invitée, dans sa propre demeure.

Joe: "Désolé..."

Comment se rattraper? Joe ne savait pas vraiment mais se leva tout de même. Il se dirigea vers la cuisine et se pencha au dessus de l'évier. Par une simple rotation du robinet, l'eau coula à flot entre ses doigts et il s'en servit pour rafraichir son visage et nettoyer la sueur due au cauchemar. Il attrapa une serviette et s'essuya le visage avec. Se tournant vers Leiah, il se souvint de sa mission d'enseignement, et, souriant, désigna le robinet et la serviette tout en les nommant.

Puis, se plaçant devant le frigo, il le nomma et l'ouvrit. La lumière que la jeune fille avait pu apercevoir inonda la pièce qui n'était éclairé que par la lune. Il en sortit une bouteille de lait et la posa sur la table. Le lait, c'était le plaisir de Joe. Malgré son âge, le jeune homme continuait de boire régulièrement du lait, et de préférer cela à l'eau ou à tout autre boisson en général. Et non, pas de problème de digestion pour lui. Il se tourna vers un placard en hauteur.

Joe: "Placard...Et verres."

IL avait prit deux verres, en verre, et les posa aussi sur la table. Il s'approcha de Leiah et lui demanda de venir avec lui. Il s'installa sur une chaise, face à la lune et tira l'autre à côté de lui. Il attrapa l'un des verres, le remplit de lait et le posa devant Leiah. Il fit de même avec l'autre et après avoir "trinquer" avec la jeune femme, qui devait se demandait ce qu'il faisait, commença à boire le précieux breuvage. D'ailleurs, si précieux à son palais qu'il engloutit sonv erre de lait en une gorgée seulement.

Joe: "Lait."

La bouteille de lait encore posé sur la table, il attrapa, au bout de la table un carnet et un stylo. Il montra les objets à Leiah en les nommant, une fois de plus et commença à dessiner quelque chose sur la page vierge. Il s'effara quelques instants à la tâche afin de réussir le dessin puis le présenta à Leiah.

Sur la feuille, la jeune fille pouvait voir des suite de lettres, un dessins représentant un homme qui tousse, une seringue, l'homme malade qui recevait une injection avec la seringue et l'homme guérit, qui souriait, après. Le tout était découpé en petite case et en flèches, histoire que le tout soit le plus compréhensible possible. Sous l'homme était marqué le mot malade, sous la seringue, seringue et sous l'homme guérit, il y avait d'écrit le mot guéri. Joe pointa le premier mot sur la feuille, tout en haut, qui était Joe. Il continua avec quelques autres mots, tout en les lisant à chaque fois. Il faisait cela pour que Leiah commence à comprendre leur écriture et leur prononciation. Puis il pointa les dessins en lisant les mots aussi. Ce petit schéma était sensé lui faire comprendre un processus de guérison.

Puis il se designa, et désigna le dessin du malade.

Joe: "Joe était malade."

Il désigna la seringue sur le dessin, et cella qui trainait un peu plus loin sur table. Puis, il avança au dernier dessin, et reposa sa main sur sa poitrine tout en souriant.

Joe: "Joe va bien maintenant."

D'après le ton rassurant, le sourire et le mot "oui" qu'elle reconnut comme étant une affirmation. Elle fut rassurée. Elle avait été très inquiète de sa réaction lorsqu'il paraissait ailleurs avant de s'endormir. Mais le sommeil avait dû porter ses fruits. Sa mère répétait souvent que le sommeil était le meilleur des remèdes. Encore une fois, Leiah avait la confirmation de la véracité de ses propos.

L'air attristé qu'il prit renseignèrent la Bretonne sur le mot qu'il prononça. Il avait l'air de vouloir se faire pardonner. Mais qu'y avait-il à pardonner ? Le fait qu'il se soit endormi ? Peut-être. Elle ne lui en voulait pas cependant. Elle-même n'avait pu résister au sommeil après qu'il eu retirer la balle de son épaule. Alors ce n'est pas elle qui allait lui jeter la pierre.

Elle laissa sa main retomber le long de son corps tandis que Joe se levait. Son regard le suivit jusqu'à la pièce attenante. Son corps le suivit quelques secondes après, alors qu'il se retournait. Il désigna les objets utilisés et les appela par un mot. Si elle avait bien suivit, il s'agissait d'un robinet, qui distribuait l'eau, et d'une serviette. Elle connaissait le principe du robinet, ça fonctionnait comme les puits. Elle connaissait la serviette, mais ignorait le mot correspondant dans le langage de Joe. Au moins, grâce à lui, elle espérait se débrouiller dans sa langue. A défaut de connaître toutes les choses étranges qu'il lui montrait, elle pourrait en parler.

La boîte blanche se nommait un frigo. Apparemment, ça conservait bien les aliments au frais, mais comment, c'était un mystère. Il lui désigna également un placard d'où il sortit deux verres. Le jeune homme s'approcha ensuite d'elle et l'invita à venir s'asseoir à ses côtés, à table. Il prit une chaise pour l'installer à côté de la sienne, et déposa un verre de ce qui semblait être du lait devant elle. Il cogna légèrement son verre contre celui de la rousse et but une gorgée. Elle en but également, pour étancher sa soif, et put vérifier que c'était bien du lait. Il le désigna d'ailleurs par le mot correspondant dans sa langue peu après.

Pendant que Leiah sirotait le lait, appréciant la saveur douce du breuvage nutritif, il prit ce qu'il appelait un carnet et un stylo pour griffonner quelque chose sur le carnet. En fait, ça ressemblait au parchemin et à la plume de son époque, mais l'encre coulait directement depuis le stylo sur la feuille, et le parchemin n'avait pas cette texture blanche et ces lignes. Penchant la tête vers ce qu'il notait, et dessinait, Leiah tenta de comprendre ce qu'il faisait.

Elle avait appris à lire et à écrire, comme toutes les disciples présentes sur l'île, mais encore une fois, la langue était bien différente. Heureusement, Joe tenait compte de cela et s'efforçait d'expliquer ce que représentait les dessins et les mots. Sa compréhension de ce qui s'était passé la veille fut un peu meilleure. La seringue qu'il dessinait était presque la même qu'il y avait sur la table. Et elle devina que c'était également ça qui l'avait piqué pour endormir son épaule. Elle suivit l'ordre des dessins, observant les situations décrites, et écouta ensuite les explications du garçon. Il avait été mal. Mais grâce à la seringue, il était guéri maintenant. Ayant tout de même un peu de mal à comprendre comment un simple objet pouvait guérir quelqu'un, elle demanda :

« _ Seringue être comme... Homme qui guérit ? »

Elle fronçait un peu les sourcils, légèrement perdue. Elle avait compris le concept, mais avait du mal à l'admettre.

Mis à part ça, elle eut une idée. Afin de faire cicatriser sa blessure à l'épaule plus rapidement, elle envisageait de faire un baume à base de la verveine ramassée derrière le bâtiment blanc. Elle prit le stylo entre ses doigts et tira le carnet à elle. Elle changea de page, et écrivit au verso. Elle essaya de représenter les brins de verveine, puis de représenter un récipient à l'intérieur duquel était le vinaigre. Pour qu'il comprenne ce qu'il y avait dedans, elle rajouta à côté la manière dont on faisait le vinaigre. Elle n'écrivait pas de mots, se doutant qu'il ne connaissait pas un mot de Gaélique, mais faisait des dessins qu'elle espérait simple à comprendre bien que de mauvaise qualité. En dessous, elle représenta un plan de travail, avec un chaudron sur le feu et une table où figurait la verveine, le vinaigre et quelques instruments comme un mortier et un pilon. Elle tourna le carnet vers Joe et demanda d'un ton hésitant, se débrouillant avec le vocabulaire restreint dont elle disposait :

« _ Joe avoir... ça ? »

Du doigt, elle désignait un à un la verveine, le vinaigre, le chaudron et le feu, et le mortier et le pilon. S'il avait tout cela, avec un peu d'eau, Leiah pourrait fabriquer son baume. Pour être plus claire quant à ses intentions, elle rajouta un petit dessin d'un bol avec un substance à l'intérieur. Elle rajouta :

« _ Pour faire... Aide à guérir... »

La jeune fille semblait avoir du mal à comprendre l'histoire de la seringue. C'est vrai que ce pouvait être complexe. Comment une seringue et un peu de liquide pouvait soigner un homme? Il fallait, pour saisir le sens de tout cela, connaître quelques rudiments anatomiques, physiologique et surtout chimique. Apparemment, Leiah n'avait pas les bases nécessaire pour comprendre la portée de tout ceci. Mais cela n'avait pas vraiment d'importance.

C'est alors qu'elle se saisit du stylo et du carnet, tourna la feuille et commença à griffonner plusieurs choses. Le jeune homme, bien que curieux sur la teneur de ses écrits, attendit patiemment la fin du dessin. Il regardait la jeune fille s'appliquer à la tache. Quelle histoire pouvait-elle bien raconter avec se traits?

Ce fut bientôt fini car elle montra la feuille à Joe. Il regarda la feuille, presque enthousiaste de déchiffrer les dessins, mais il fut perdu dès le début. Non pas que Leiah était une très mauvaises dessinatrice (même s'il fallait avouer qu'il avait du mal à comprendre) mais surtout il ne connaissait pas vraiment les objets dessinés. Il y avait une plante, une sorte de liquide et divers autres objets.

Mais en se concentrant quelque peu, il reconnut un mortier et un pilon. C'était déjà un bon début. Le chaudron et le feu furent les suivants, devinant à peu près la forme de la marmite en question. La plante lui disait vaguement quelque chose. Il ne savait pas où il l'avait déjà vu, mais ce devait être bref. Il n'était pas très fort en plante en tout cas. Le liquide quand à lui était accompagné d'une sorte d'énigme. Mais là aussi, l'énigme était flou. Il y avait une sorte de cuve, un liquide noir (sur la feuille en tout cas) et un "champignon", ou du moins, ce qu'il analysa comme une sorte de parasite. Très étrange.

C'est alors que lui vint une nouvelle idée. Décidément, la journée était riche en idée. Il partit vers sa bibliothèque et en revint avec un gros livre. Certes, si lui ne savait pas, l'encyclopédie devait le savoir pour lui. Il posa le lire sur la table et commença à en tourner les pages. Parfois, des images accompagné les définitions. C'était d'ailleurs le cas des plantes. Mais la méthode était loin d'être de celle qui portait leur fruit. Chercher à l'aveugle n'était pas la solution.

La jolie rousse lui demanda s'il disposait de ces choses. Joe était incapable d'affirmer cela. Enfin, il le pouvait pour certains objets, mais il restait l'énigme de la plante et du liquide. Apparemment, elle voulait guérir avec. Quelle étrange idée pour le garçon, mais après tout, pourquoi pas? Il essaierait de l'aider dans sa "quête".

Il sortit une marmite d'un placard ainsi qu'un bol. Ce n'étaient évidement pas des chaudrons ou des mortiers, mais cela pouvaient jouer le même rôle. Il plaça les objet sur les dessins leur correspondant afin que la jeune fille voyait où il voulait en venir, dans ses remplacements. comment allait-il faire pour le pilon? Peut-être qu'une grosse cuillère en bois ferait l'affaire. Il en sortit une et la plaça à côté du dessin. Il désigna la petite gazinière et le dessin du feu pour lui faire comprendre qu'il avait aussi du feu. Par contre, pour les autres trucs.

Soudain, il se souvint des feuilles que Leiah avait ramassé derrière l'hôpital. Il lui semblait qu'elle ressemblait un peu à cela. Il chercha un instant et se souvint qu'il les avait poussé au bord de la table. Il s'en saisit et les montra à Leiah, interrogatif. Était-ce ça qu'elle cherchait. Quand au liquide, il était toujours aussi obscur pour lui. Certes, il avait du vinaigre dans un placard, mais il ne savait pas que c'était là ce qu'elle voulait.

Joe: "Désolé Leiah. Je ne sais pas si j'ai ça."

En regardant la jeune fille, il se demandait d'où elle pouvait bien venir, et comment elle avait appris ce genre de "recettes" étranges dont on entendait surtout parler dans les films. Des recettes de magicien ou de druide pour soigner les gens. Drôle d'idée qui ne correspondait plus à la pensée de l'époque. Mais surtout, d'où venait-elle pour être ébahi comem ça devant le monde américain? Peut-être pourrait-il lui montrer une carte pour savoir. Mais vu l'heure tardive, il pensa qu'il serait plus judicieux qu'elle dorme un peu. Après tout, elle était encore convalescente.

Leiah sentit bien que son hôte avait du mal à déchiffrer les dessins. Il faut dire qu'elle n'avait pas l'habitude d'écrire avec un stylo et avait plus d'assurance une plume à la main. Ou avec du charbon. Enfin. Après un petit temps de réflexion, il lui amena deux récipients qu'il identifia au chaudron et au mortier. Il n'avait peut-être pas de chaudron et de mortier chez lui. Pour le pilon, il lui présenta un objet en bois ressemblant à une cuillère mais en plus grand. Quant au feu, il désigna une autre boîte blanche avec des petits ronds noirs dessus. Du feu ça ? Quelle monde étrange vraiment. Du feu en boîte maintenant. Les gens ne savent plus quoi inventer.

Il réussit à deviner que la plante était les brins qu'avait ramené la rousse tout à l'heure et les posa devant elle. Pour le vinaigre, il dut avouer qu'il ne savait pas s'il en avait. Leiah l'avait vu ouvrir les placards et se leva un instant. Fouiller, ce n'est pas bien, mais si elle voulait lui montrer ce qu'elle cherchait, elle devait bien essayer. Elle ouvrit quelques portes de placards avant de tomber sur un où il y avait des bouteilles. Elle en sortit deux, les ouvrit, et respira l'odeur. Puis les reboucha. Ce n'était pas bon. La troisième par contre, l'odeur était bien celle du vinaigre. Avec un sourire ravi, elle l'apporta près de la table et désigna le dessin correspondant et la bouteille. C'était cela qu'elle cherchait.

Pour lui faire comprendre ce qu'elle allait faire, elle montra le dernier dessins et désigna sa blessure. Elle fit le geste d'étaler du baume dessus et après, elle dessina une flèche montrant une épaule saine, avec une fine cicatrice à la place d'une plaie. Elle déposa le stylo et le vinaigre sur la table et prit les brins de verveine. Elle ne détacha que les feuilles et les déposa dans le bol. Armée de la cuillère en bois, elle commença son œuvre. Elle n'avait pas énormément de verveine, mais pour une application, ça devrait suffire. Il n'y avait pas besoin de plusieurs applications pour que le baume fasse effet. Une seule suffisait. Et en deux ou trois jours il n'y avait plus qu'une cicatrice propre et nette.

Elle prit le bol tout en continuant d'écraser la verveine et se dirigea vers le robinet. Elle fit couler quelques gouttes d'eau et revint vers la table. Là, la Bretonne se saisit du vinaigre avec assurance et déboucha la bouteille pour en verser quelques gouttes dans le bol. Délaissant un instant le bol, elle versa une dose de vinaigre au fond de la marmite avant de la transporter vers le robinet pour faire couler trois doses d'eau. Ceci fait, elle s'approcha de la boîte à feu avec hésitation. Elle posa la marmite dessus et se tourna vers Joe.

« _ Tu... Allumer ? »

Elle retourna ensuite à table et continua d'écraser la verveine avec le vinaigre et l'eau. Ce qui était des feuilles auparavant était maintenant une sorte de jus qui se mêlait au vinaigre et à l'eau. Elle reposa le bol lorsque la mixture fut suffisamment liquide et prit les tiges de Verveine qu'elle avait laissé sur la table et se dirigea vers la marmite qui devait bouillir si Joe avait allumer le feu. Elle prit les tiges une par une et les brisait en petits morceaux pour les laisser tomber dans le liquide a bulle. Lorsque le contenu de la marmite bouillirait de nouveau, les tiges auront absorbé une grande partie du liquide et elle pourrait verser le contenu du bol. Et lorsque ça bouillirait pour la troisième fois, Leiah prendrait ce qui en résulterait (c'est-à-dire une espèce de pâte verte clair) pour la déposer dans le bol et verser quelques gouttes de vinaigre et d'eau à nouveau. La pâte prendrait alors un aspect crémeux et la couleur virerait au marron clair, très doux.

Elle ne tarda pas à commencer les étapes suivantes d'ailleurs, et en attendant que ça bout pour la troisième fois, elle prit le carnet et dessina une louche pour demander à Joe s'il en avait une. Grâce à cet instrument, elle récupérerait la pâte facilement pour poursuivre la préparation. elle déposa le carnet sur la table avec un air interrogateur.

Le jeune homme ne savait pas trop comment l'aider mais elle se mit elle même à la recherche du fameux liquide. Lui il ne voyait pas vraiment ce que ça pouvait être. Il avait bien du mal. Mais à vrai dire, ç'aurait été aussi dur pour n'importe quelle liquide, à la réflexion. Quoi que, si elle avait voulu de la bière, il aurait pu reconnaitre le malt et le houblon. Du vin, il aurait vu le raisin. Mais pourquoi mélanger de la bière, ou du vin, à de la verveine? Un cocktail spécial? Il doutait vraiment du goût que cela pourrait avoir.

Mais la jeune fille se saisit d'une bouteille dans les placards et la sentit. Apparemment non, ce n'était pas bon. Quand avait-elle ouvert les placards? Joe n'avait pas fait attention. C'était dangereux, elle aurait pu tomber sur l'une de ses cachettes secrètes. Une cachette où il aurait pu cacher de la drogue, des magazines porno, ou même un mort. Mais le jeune homme n'avait rien de tout ça chez lui. Il n'avait jamais tué, ne ressentait pas le besoin irrépressible de contempler des playmates à moitiés nues, et les rares fois où il achetait de la drogue, il se faisait planer le jour même. Mais jamais de grosses quantités, évidement. Les petites doses lui convenaient parfaitement pour atteindre des sommets de bien-être.

C'est alors qu'elle lui apporta une bouteille de vinaigre. Du vinaigre, c'était donc ça. A la réflexion, c'était logique. On faisait du vinaigre en laissant des parasites dans du vin pendant quelques semaines. Mais effectivement, ce n'était pas évident au premier coup d'œil. On ne pensait pas tout les jours à la méthode, artisanale, de fabrication du vinaigre. Il nomma le vinaigre en montrant la bouteille, histoire d'éviter de devoir à nouveau déchiffrer un dessin de fabrication.

Puis, elle lui expliqua enfin où elle voulait en venir. Pour cicatriser la plaie. Après tout, c'était possible. le jeune homme avait souvent entendu, dans de nombreuses histoires, des magiciens faire des baumes ou des onguents pour soigner les valeureux chevaliers blessés au combat. Peut-être que Leiah avait joué dans un péplum de ce genre et avait appris des choses sur le tas. A moins que sa famille ne compte quelques grand-mère magicienne et marginale. Qui pouvait savoir.

Elle lui demanda d'allumer le feu, se demandant visiblement comment pouvait marcher une telle chose. Joe s'approcha et attrapa une boite d'allumettes à côté. Il ouvrit la petite boite en carton, en sortit un petit morceau de bois, et le frotta rapidement sur le bord de la boite. Il montra la flamme à Leiah et l'approcha d'une plaque. De l'autre main, il ouvrit le gaz et les flammes apparurent autour de la petit plaque. Le jeune homme déplaça la marmite sur le feu et laissa la jolie rousse faire sa petite recette.

Il s'éclipsa un instant et se saisit d'un livre de géographie. Il revint dans la cuisine et ouvrit le livre sur la table. Il attira l'attention de Leiah un instant et lui montra un point sur la carte, en amérique. Suite à quoi il ponta le sol du doigt. Ainsi, il espérait qu'elle comprenne qu'il désignait le lieu où ils se trouvait. Puis il désigna la jeune fille et décrivit des cercles avec son doigt au dessus de l'atlas. Il voulait savoir d'où elle venait, elle. Peut-être que ceci expliquerait cela. Du moins, si elle avait déjà vu ou lu des cartes du monde.

Mais, remarquant la louche sur le dessin, il se dirigea vers un tiroir et l'ouvrit. Après avoir remué divers objets métallique (des couverts essentiellement, et quelques instruments de cuisine divers et variés), il en ressortit une louche qu'il tendit à la jeune fille.

Elle avait observé Joe allumer le feu et s'était étonnée de cette étrange manière de faire. Mais, ne s'arrêtant pas plus de deux secondes, il ne fallait pas que la mixture rate, elle était retournée au mélange dans le bol. La louche demandée ensuite, une fois que le contenu du bol ait été versé dans la marmite, Joe se chargea de fouiller un peu pour la trouver. Leiah inclina la tête en signe de remerciement et mélangea un peu la substance pâteuse dans la marmite. Puis, avec la loupe, elle repêcha la pâte et la déposa dans le bol. Malgré l'eau et le vinaigre, ça avait considérablement réduit et ça tenait dans le bol.

Leiah rajouta quelques gouttes d'eau et de vinaigre et entreprit de mélanger le tout. Cette pâte prit très vite une allure crémeuse et Leiah posa la cuillère en bois dans l'évier, avec la marmite. Elle laissa à Joe le soin d'éteindre le feu, ne voulant pas faire de bêtise sachant qu'elle ne connaissais pas cette façon de faire du feu bien étrange. Elle laissa le bol sur la table, le jeune homme ayant apporté un livre avec une drôle de carte. Elle le vit pointer une partie de l'image, et ensuite désigner le sol. Voulait-il dire qu'elle était là ? Que l'endroit où elle se trouvait était le point montré sur la carte ?

En se penchant un peu plus, elle reconnut une partie de la carte. Dame Morgane en avait une représentant cette partie. Elle tourna le livre un peu dans tout les sens, et cherchait l'île d'Avalon. Elle avait beau se creuser la tête, elle ne trouvait pas. Brocéliande peut-être ? Ah oui, ça devait être par là... La rousse leva les yeux vers le jeune homme et, arborant une grimace d'incertitude, elle désigna l'endroit qu'elle supposait être Brocéliande. Mais elle haussa les épaules, la carte étant très différente de celles qu'elle avait pu voir auparavant.

« _ Brecheliant. Maison. »

Elle avait prononcé le nom dans sa langue, ne le connaissant pas le nom dans sa langue. Comprendrait-il ? La Bretonne ne le savait pas. En attendant, elle reprit le pot et baissa l'épaule de sa robe qu'elle avait simplement remise par-dessus le bandage. Elle hésitait à l'enlever, et finit par reposer le bol. Elle se tourna dos à Joe et lui demanda de l'aide par un regard interrogatif. Elle ne pourrais pas retirer le bandage sans ruiner le travail fait par le jeune homme et préférait qu'il le fasse pour ne pas aggraver le cas. Il faudrait juste le refaire après l'application de la crème.

Joe se précipita pour éteindre le feu quand il remarqua que la jeune Leiah en avait fini avec sa mixture. C'était étrange. Ce genre de choses marchait vraiment? Probablement. Elle avait l'air si sûre d'elle. Lui n'avait vu cela que de rares fois dans des films. Et encore, des films suspects au niveau du réalisme. Pendant ce temps, elle tenta de se repérer sur la carte. Elle n'avait pas l'air de trouver son bonheur à vrai dire. Peut-être que dans son pays, la carte était tourné différemment.

Mais elle finit par trouver et lui désigna un point, accompagné du nom de la région et du mot maison. Charmant. D'après ses maigres connaissances géographique, le jeune homme en déduisit qu'elle venait d'Europe. De France pour être plus précis. Une française? Il savait la France réputée dans le monde entier (^^ on fait de la lèche comme on peut hein) pour sa gastronomie et son romantisme. Et les françaises faisaient partie des femmes les plus prisées par les étrangers. Peut-être cela avait-il une raison. En tout cas, il comprenait que l'on puisse désirer la petite française.

D'ailleurs, dans un tout autre registre, elle lui fit comprendre qu'elle avait fini sa préparation. Une sorte de crème. Probablement à appliquer sur la plaie s'il avait bien compris. Et il avait bien compris puisque la jeune femme découvrit à nouveau son épaule. Elle hésita un moment à toucher au pansement qu'il avait fait, mais lui laissa finalement le soin de cette action. Il s'approcha, doucement.

Il posa sa main sur son épaule avec délicatesse. Maintenant qu'il était sorti du registre du soin chirurgical, ces gestes n'avaient plus le même impact en lui. Le fait d'effleurer la douce peau de la petite rousse produisit un frisson qui lui parcouru le corps tout entier. Elle avait vraiment la peau douce. Lentement, il décolla le pansement qu'il avait fait. Évidement, comme il fallait s'en douter, la plaie avait coulé, et le pansement était souillé de sang. Tout à fait normal en somme. Il posa le pansement sur la table.

Alors qu'elle allait reprendre son bol pour s'appliquer la précieuse crème, Joe prit le bol avant elle et lui tendit un chaise pour s'assoir. Il lui appliquerait le baume.

Joe: "Je vais le faire."

Il profita de ce moment pour jeter un coup d'œil à la plaie. Ca allait, c'était du bon travail en somme, se dit-il. Il plongea alors deux doigt dans la mixture encore chaude et les approcha de la plaie. Il appliqua doucement, et sans trop appuyer, le baume le long de la plaie. Il avait déjà eu des plaies et savait quelle sensation l'on pouvait ressentir. C'était une sorte de douce douleur. Douloureux, mais étrangement grisant en même temps. Du moins, quand, comme lui, l'on effleurer délicatement la plaie. Évidement, si on y va comme un bourrin, la sensation n'est pas la même.

Une fois qu'une bonne partie fut appliquée, et la plaie recouverte, il attrapa dans sa caisse magique des compresses et des bandes adhésive. Il refit le pansement très rapidement en prenant en compte la crème appliquée. Et déjà, il en avait fini et le fit comprendre à la jeune femme par une petit pression au niveau de l'épaule valide.

Joe: "Leiah, vous devriez dormir. Il est tard."

Il accompagna ses dires de geste désignant le sommeil, le lit et l'obscurité dehors. Certes, il était plus tôt que tard à cette heure-ci, mais qu'importe. Lui aussi devrait dormir d'ailleurs. Mais tant pis. Il laisserait la jeune femme le plaisir de dormir. Après tout, elle était convalescente. Il continuait de n'avoir pour seule lumière que la lune, se faufilant dans le petit appartement.

L'épaule de Leiah était comme engourdie encore. Elle pouvait l'utiliser, mais les sensations étaient diffuses. Comme si, maintenant que la plaie n'était plus à vif, elle était moins présente. Malheureusement, elle était toujours là. Et à voir les précautions que prenait Joe, elle devait avoir saigné. Le pansement collait à la peau, mais il l'enleva sans lui faire de mal. La Bretonne tressaillit quand même. Pas de douleur. Mais de quelque chose d'indéfinissable. Un mélange d'appréhension, de surprise, et d'un je-ne-sais quoi en plus.

Tendant le bras pour reprendre le bol, la jeune femme à la chevelure cuivrée se fit prendre de court par le jeune homme à la chevelure bicolore. Il attrapa le pot et lui signala qu'il allait s'en charger. Elle laissa retomber sa main le long de son corps, triturant nerveusement sa jupe. Elle ignorait si le baume allait picoter la plaie ou pas. Le vinaigre était acide, mais la verveine et l'eau venait adoucir cela. Et, n'ayant jamais essayé avant ce baume sur elle-même, elle n'en connaissait pas les effets ressentis.

Le jeune homme prenait soin de ne pas appuyer trop fort. Il ménageait sa douleur. Et elle lui en était reconnaissante. D'ailleurs, les yeux à demi-fermés dans l'attente d'une douleur plus ou moins vive se rouvrirent. La crème était chaude et onctueuse. L'acidité du vinaigre ne se sentait pas. Pour sûr qu'elle ferait effet en désinfectant une nouvelle fois la blessure, mais pas le moindre mal pour la demoiselle. Enfin, mis à part la chaleur qui était peut-être un peu trop. Heureusement, ça refroidissait vite et les applications suivantes se rapprochèrent plus du plaisir que de la douleur. L'appréhension nouant ses épaules se relâcha sous l'effleurement des doigts de Joe. Certes, il subsistait une espèce de douleur sourde, comme lorsque l'on s'est fait un bleu ou que l'on s'est râpé, mais la crème et la délicatesse de son hôte l'atténuait beaucoup.

Un petit soupir quitta les poumons de la rousse. A mi-chemin entre un bâillement réprimé et un soupir de satisfaction. Elle regretta presque quand le contact des doigts de Joe s'arrêta. La plaie devait être couverte de la crème apaisante et cicatrisante, et son médecin personnel refit le pansement. Car oui, il aurait très bien pu faire médecin vu l'habileté qu'il avait eu en extrayant la balle et en pansant la blessure. Le soin qu'il prenait de sa "patiente" était tout à son honneur également.

Il la ramena dans le monde réel par une pression sur son épaule intacte, lui signala qu'il devait être tard vu l'obscurité du ciel, et lui suggéra d'aller dormir. Elle hocha la tête en étouffant un bâillement. C'est vrai qu'elle était fatiguée. Elle se passa une main sur les yeux et amorça quelques pas vers le lit avant de se retourner.

« _ Joe pas sommeil ? »

Il avait l'air un peu fatigué lui aussi. Et s'être réveillé en sursaut tout à l'heure ne devait pas l'avoir beaucoup reposé. Comme s'était son lit, il avait le droit d'y dormir. Et Leiah ne voulait qu'une chose, c'était dormir en sécurité. Avec lui, elle se sentait en sécurité. Alors ça ne la gênait pas de dormir avec lui. Au contraire, ça la rassurerait d'un côté. Après toutes les épreuves de ces derniers jours, et le choc de ces nouveautés, elle avait bien le droit de se montrer vulnérable un moment. Demain, elle pourrait de nouveau être forte et assurée. Elle chercherait où aller pour ne pas embêter Joe et continuerais à essayer d'apprendre la langue.

Mais pour le moment, son regard bleu océan se plongea dans l'acier de celui de Joe avec cette demande muette de rester avec elle. Car, malgré tout le chamboulement, un reste de fierté l'empêchait de le demander à haute voix.

La jolie rousse se dirigea vers la matelas posé à même le sol et qui faisait office de lit. Apparemment oui, elle était bien fatiguée. Pourtant elle s'arrêta au milieu du trajet et se tourna vers lui. Elle posa une question toute bête et pourtant si gênante. Est-ce qu'il était fatigué? Évidement qu'il l'était. Mais ce n'était pas des choses qui se disaient comme ça. Surtout quand on avait déjà offert son lit à une demoiselle. Pourtant, il aimerait bien dormir, c'est vrai.

Leur yeux se croisèrent et s'accrochèrent un instant. Bien que bref, il parut durer énormément de temps au jeune homme. Il avait l'impression de pouvoir lire dedans, de discerner des mots de ces deux yeux bleus. Il pensa alors que peut-être elle voulait qu'il l'accompagne. Dormir avec elle? Voilà une chose qui était loin d'être anodine. La dernière fois qu'il avait dormi avec quelqu'un, c'était probablement Sarah, et encore, il s'était juste endormi sur ses genoux, complètement à plat. Mais là...

Là, c'était vraiment autre chose. Pourtant, quelque chose lui disait que c'est ce qu'attendait la jolie rousse. Et si c'était le ca. Si au fond elle avait besoin de lui, comme dans le métro. S'il avait ce rôle un peu protecteur encore une fois? Peut-être.

Il s'approcha alors d'elle, hésitant, puis l'invita à aller se coucher. Il attendit qu'elle se fut installé avant de s'installer à son tour. Il n'était pas tout à fait à l'aise. Dormir avec quelqu'un, une fille qui plus était. Certes son lit était assez grand pour que les deux puissent y dormir, mais là n'était pas la question. Puis à son tour il s'allongea dans le lit, à côté d'elle. Il avait peut-être surestimé la taille de son lit puisqu'il touchait la jeune fille, même depuis le bord du lit. Il n'aurait pas le choix. Il allait devoir dormir avec son contact. Pas l'habitude le jeune Joe.

Elle avait la peau douce. Certes, il ne pouvait pas vraiment sentir cela avec les vêtements qu'il portait toujours sur lui et qui le gênait un peu, au niveau de la chaleur surtout, mais sa main trainait vers la jeune fille, effleurant sa peau. Arriverait-il à dormir ainsi? Enivré de son odeur? Caressé par sa douce peau? Hanté par les évènements de la journée? Bonne question.

Joe: "Ça va Leiah? Vous avez assez de place?"

Évidement, elle ne pouvait pas comprendre ce qu'il disait. Il ne savait pas comment le lui expliquer avec des gestes. Et puis, s'il faisait des gestes maintenant, il risquait de la gêner, de la toucher, de l'embêter. Il se contenta de tourner la tête vers elle afin de voir si elle semblait gêné. Il fut fasciné par le visage de la jeune fille vu d'aussi près. Était-ce à cause de la lumière lunaire, de leur proximité ou de leur situation? Mais Joe trouva qu'elle était vraiment belle.

Il repositionna sa tête bien droite, contemplant le plafond. Arriverait-il à dormir cette nuit. N'allait-il pas trop la gêner? Il était peut-être chez lui, mais le jeune homme n'avait vraiment pas l'habitude des rapports humains. Et il n'était pas totalement à l'aise, craignant de faire une bêtise ou un faux-mouvement.

Heureusement pour le peu de fierté restant à Leiah, Joe comprit ce qu'elle désirait. Elle sourit, et s'installa sur le matelas en laissant de la place au jeune homme. Elle se mit sur le côté, son épaule bandée étant donc libérée de tout poids, et son bras était négligemment posé sur sa taille, de manière à ce que seule la main repose sur le matelas. L'autre bras était passé sous sa tête, à la manière d'un oreiller plus élevé. Quant à ses cheveux, ils étaient sagement ramenés sur l'oreiller, derrière sa tête, ne laissant que quelques mèches rebelles caresser son visage.

Il s'installa ensuite, prenant des précautions pour ne pas gêner la rousse. Il y avait cependant contact. La main du garçon touchait la sienne. Elle le sentit mal à l'aise. Avait-il assez de place ? Leiah n'étant que son invitée, elle s'en voudrait de lui gâcher la nuit à cause de sa présence. Son regard se posa sur le profil qu'elle voyait de son hôte. Elle laissa ses yeux observer tout leur saoul les ombres qui se dessinaient sur le visage de Joe grâce à la lumière de la lune qui filtrait de la fenêtre.

Il tourna la tête vers la Bretonne à un moment, demandant quelque chose dont elle ne saisit pas le sens. Elle haussa un sourcil mais ne fut pas éclairée sur ce qu'il voulait dire. Elle laissa de côté cette question et ferma les yeux doucement. Elle lui demanderait demain. Pour le moment, la fatigue prenait le pas sur l'envie de raisonner. Elle esquissa un sourire de bien-être et sentit sa conscience s'envoler tandis qu'elle bougeait de manière à être plus à l'aise. Sa main s'avança vers le bras de Joe, comme pour garder un contact lui assurant que cette journée était réelle et non imaginaire.

Plus tard, d'ailleurs, alors que la demoiselle rêvait, un mouvement la fit se retourner et elle se retrouva dos au garçon. Ses cheveux roux se répandant dans son cou et chatouillant sur son front. Une grimace tordit brièvement ses lèvres lorsque son épaule engourdie s'appuya contre le matelas et elle se tourna une nouvelle fois, refaisant face à Joe, beaucoup plus près. Sa tête s'inclina et se posa sur son épaule. Elle éprouva, à ce contact, une sorte de bien-être indescriptible. Malgré lui sans aucun doute, il lui rappelait une personne chère à son cœur. Un ami, mais bien plus que ça également. Un protecteur et un amant. Une personne aux multiples fonctions qui avait perdu la vie lors de la Guerre. Elle n'avait rien pu faire pour le sauver car il est mort trop loin de l'endroit où elle était.

Le rêve que la rousse faisait lui rappelait ces moments où elle était avec son ami. Il ne dura que quelques secondes avant qu'elle ne plonge dans un sommeil profond. Son bras engourdi se posa sur le buste de Joe et elle soupira d'aise. Son souffle lent et sa respiration profonde s'entendait dans le silence de la nuit. Dérangeait-elle Joe dont le contact était apaisant ? Possible. S'il n'arrivait pas à dormir ainsi, il pouvait la bouger car, lorsqu'elle était dans ce sommeil profond, rien ne la réveillait. Une vraie tombe.

Le jeune homme, déjà pas bien à son aise alors que la main de la jeune fille effleurait la sienne, devait maintenant composer avec cette même main qui lui touchait maintenant tout le bras. Oui, Joe n'était pas vraiment comme les garçons de son âge. Ses rapports à l'humain étaient tronqués, abimés, différents. Timidement, il posa sa propre main sur celle de la jeune fille et la déplaça. Peut-être qu'ainsi il serait plus tranquille. Et si ce mouvement était voulu? Si elle voulait vraiment toucher son bras?

D'ailleurs, la jolie rousse ne tarda pas à se tourner dans l'autre sens, lui faisant dos. Était-ce habituel pour elle de bouger durant son sommeil, ou était le geste de Joe qui entraina cela? Peut-être qu'elle avait essayé de le toucher, et qu'il l'avait vexé en la déplaçant. Il commença à s'en vouloir, rongé par la culpabilité. Après tout, elle avait l'air si perdu quelques instants auparavant. Si c'était là une tentative de sa part pour se rassurer. Quelle bourde il avait fait.

Mais cela fut très vite oublié car Leiah se retourna vers lui. Le jeune homme tourna lentement la tête pour voir ce qu'il en était réellement. Et il dût se rendre à l'évidence. Elle était proche, très proche. Si proche en réalité qu'il pouvait sentir son souffle. Ainsi elle dormait où elle tentait de se rapprocher de lui? Comment savoir en réalité? Il ne pouvait pas savoir. sauf en l'appelant, mais il pourrait la réveiller pour rien en ce cas. Que faire?

Bientôt, la position de la jolie rousse ne lui convint plus et elle bougea à nouveau. cette fois-ci, elle était on ne peut plus proche. Pour tout dire, sa tête reposait sur son épaule et son bras sur son buste. C'était bien simple, Joe avait l'impression qu'elle le confondait avec un quelconque amoureux. Le jeune homme n'avait jamais dormi ainsi, avec une jeune fille sur lui. Il était certes mal à l'aise, mais il fallait bien avouer que le contact était agréable...un peu...dans le fond.

Bien sûr, il n'arriva pas à fermer l'œil. Son regard vagabondait dans la pièce faiblement éclairée. Il regardait tantôt ses meubles, certes peu nombreux, cachés dans l'ombre tel des créatures étranges attendant patiemment leur heure pour attaquer les pauvres humains naïfs décorant leur pièce de leur corps inertes. Tantôt, son regard vif s'amusait avec les formes et ombres de lumière lunaire se dessinant sur le mur et le plafond, bougeant au grès du vent et du temps.

D'ailleurs, en parlant de temps, il ne sût combien de temps exactement il passa dans cette position. Il ne pouvait voir l'horloge accrochée sur le mur de la cuisine et n'osait pas déplacer celle qui avait pris place sur son corps pour son sommeil. Mais il aperçut les premières lueurs du soleil, chassant la lune. Ses yeux, eux, restaient inexorablement ouverts, ne trouvant pas le sommeil. Du moins, il en eut l'impression.

Et pourtant, il s'endormit ainsi. Ses yeux finirent par se clore sans qu'il n s'en rendent compte, et éventuellement, son corps bougea durant son sommeil. Mais, quand il rouvrit les yeux, il remarqua qu'il se trouvait encore sur le dos. Et que désormais, le soleil entrait pleinement dans sa chambre. Il devait être entre 10h00 et 11h00 à vue d'œil.

Le sommeil fut réparateur pour Leiah, qui se réveilla un petit moment après que les premiers rayons du soleil n'aient effleuré la pièce. Elle cligna des yeux plusieurs fois, chassant les restes du sommeil, et se redressa. Elle se rendit compte qu'elle avait dû embêter Joe durant son sommeil car elle s'était réveillée contre lui. Comme à chaque fois, elle bougeait beaucoup pendant son sommeil. Elle s'en rendait rarement compte. Mais là, il était impossible qu'elle ne s'en rende pas compte.

Avec précaution, elle se releva et se glissa hors du lit. Elle laissa un instant son regard dériver vers le garçon encore endormi, mais il paraissait si bien qu'elle ne put se résoudre à le réveiller. Elle se débrouillerait pour combler son estomac qui criait famine. Elle s'éloigna du matelas et glissa ses bras dans son dos pour lacer correctement sa robe. Elle avait juste resserrer les liens la veille, pour éviter que la robe ne tombe. Mais il fallait tout de même un minimum de tenue. Après moult efforts, elle réussit à lacer correctement le tissu écarlate autour de son buste.

Arrivée dans l'autre pièce, elle alla ouvrir le frigo et en sortit deux trois trucs bon à manger. Elle remarqua qu'il y avait des récipients pouvant accueillir le lait dans les placards de Joe. Elle en prit un, une casserole, et se dirigea vers la boîte à feu. Ayant soigneusement observé Joe hier, elle espérait pouvoir refaire ce qu'il avait fait. C'était dur. Mais au bout de quelques essais infructueux, elle réussit à obtenir le même résultat que le garçon et eut l'impression d'avoir remporté une grande victoire. Le reste, c'était du gâteau. Elle versa du lait pour deux personnes dans la casserole et la posa sur le feu. Pendant ce temps, elle chercha d'autres bols pour en déposer deux sur la table.

Le lait devait bouillir à présent. Elle l'enleva de dessus le feu et en versa dans les deux bols. Elle posa les Donuts d'hier sur la table, avec les pêches. Lorsqu'elle eut finit de disposer le petit déjeuner sur la table, la rousse entendit Joe bouger. Elle alla dans la pièce où il y avait le lit et lui sourit. Elle lui désigna l'autre pièce avec un grand sourire.

_ Manger sur la Table. Joe faim ?

Elle, en tout cas, avait très faim. Et il valait mieux manger tant que c'était chaud.

Joe regardait toujours le plafond fixement, comme ayant du mal à émerger, à ce que son esprit s'éveille à la réalité. Peu à peu, des pensées vinrent envahirent son esprit de milles mots, ne l'aidant pas vraiment. Mais, tout de même, il réussit, au prix de quelques efforts, à mettre un peu d'ordre dans tout ça. La veille il avait rencontré et aidé une fille. il avait même dormi avec elle. Il se redressa dans son lit et remarqua que la dite fille s'affairait en cuisine.

En fait, selon l'odeur qui lui revenait et les sons qu'elle produisit, il pensa qu'elle cuisinait. Elle avait réussi à allumer le feu toute seule? Elle avait même compris l'histoire des récipients allant sur le feu et ceux n'y allant pas? Pas mal pour une française qui avait l'air de patauger la veille. D'ailleurs, c'était étrange. En France, selon ses souvenirs, ils étaient aussi avancés technologiquement qu'eux. La jeune femme était frappé d'une sorte d'amnésie?

D'après ce qu'il comprit de son anglais qui allait en s'améliorant de minute en minute, elle l'invitait à venir manger. Du moins, il prit cela pour une invitation et la rejoignit dans la cuisine. A son entrée, il remarqua les bols de lait chaud, les fruits de la veille et même les donuts. Sympathique. Oui, c'était le mot. Sympathique de trouver le petit déjeuner prêt quand on se levait. Joe n'avait pas vécu ça depuis au moins 10 ans. Il n'allait pas cacher son plaisir.

Joe: "Bonjour Leiah."

Évidement, ses mots furent accompagné d'un salut amical de la main. Puis il s'installa à la table et se saisit d'un donuts qu'il eut tôt fait d'engloutir. La nuit, ça creuse. Puis ce fût au tour du bol de lait d'être rapidement avalé. Après tout, il adorait ça, le lait. Et le fait qu'une jolie rousse lui en ait préparé un bol chaud, exprès pour lui ne faisait que le rendre meilleur. Il posa son bol et regarda son invitée en souriant. Il avait une moustache de lait comme les enfants ont souvent. Il l'essuya d'un revers de sa main à six doigts.

Joe: "Merci Leiah."

Il attrapa une pèche pour le plaisir et croqua dedans. Son petit déjeuner pouvait paraitre léger pour certains hommes, mais le jeune homme s'en contentait. Certes, il fallait beaucoup d'énergie dès le début pour tenir jusqu'à midi, comme le rabâchait des publicitaires véreux. Mais les différences physiologique du mutant l'avaient habitué à un autre style de vie. Certes, ses repas étaient moins consistants et en plus petites quantités que les gens normaux, mais il en faisait sept par jour. Par ce biais, il assimilé plus de nutriments de ce qu'il mangeait, et se lassait le temps de bien digérer ce qu'il mangeait et pas bêtement gaspillé de précieuses denrées dans un système digestif défaillant.

D'ailleurs, en parlant de différence, Le jeune homme se souvint qu'il n'avait pas expliqué à la jeune fille ses différences à lui. Certes, cela pouvait effrayer des gens, mais peut-être avait-elle pu remarquer le sixième doigts, qui était plutôt une sorte de jeu pour lui. Et encore, ça, ça ne faisait pas peur. le pire se trouvait sous son pull, qu'il garda bien sur lui pour l'instant encore. Il changerait de vêtement plus tard, quand la jeune fille ne regarderait pas.

Mais pour l'instant il leva sa main gauche, poing fermé.

Joe: "Je suis différent..."

Il ouvrit sa main révélant alors toute l'ampleur de son travail. Un sixième doigt, un deuxième pouce pour être précis, parfaitement inséré sur sa main, à l'opposé du premier, le normal. Il fi quelque peu bouger sa main à six doigts.

Joe: "J'ai six doigts."

Il accompagna le nombre six, du nombre de doigts correspondant. C'était plutôt pratique, il n'avait besoin que d'une main pour compter jusqu'à 6. sans main droit, par contre, était tout à fait normale.