Le destin se fout de moi ? ( PV Ruby )

Nan mais, c’est quoi ce délire ! A la rigueur, conclure une bataille titanesque, ok, ça j’avais pu le faire, histoire d’achever le boulot des mortels défenseurs de ce monde pathétique, et d’en tirer tous les lauriers de la gloire, sans même avoir à décliner mon identité aux médias forcément admiratifs de mes faits d’armes uniques. Le glorieux justicier, sans dieu ni maître, bottant les fesses des envahisseurs, et dont on ne connaît que le nom, Arès, repris du plus valeureux dieu de tous les temps. Arès, le dieu de la guerre, de la mort, de la destruction, craint par tous et toutes depuis la nuit des temps. Ares, qui n’a nul besoin d’autel, de temple, le monde étant en lui-même un temple lui étant dédié. Arès, vénéré sous tant de noms, sur tous les mondes habités par des êtres étant capables de se foutre sur la gueule. Autrement dit, Arès, vénéré partout où il y a de la vie, car la vie entraine inéluctablement la destruction. Encore autrement dit, quand y a de la vie, y a de la baston !

Donc, c’avait été sympas, le Doom’s Day, même si les médias n’avaient pas tout à fait repris mes exploits selon ces termes, pffff, ces mortels sans cervelle, pléoasme ? Ces crétins congénitaux avaient pleuré la perte de ce geignard de Sentinel Prime, symbole médiocre de l’humanité forcément décadente à mes yeux. Même la cyborg de combat, Sentinel, même la blondasse avait surchauffé avant le terme de la bataille, comme un vulgaire grille-pain usagé. Ha, la aie tech … fin bon, je devrais pas me moquer, c’est quand même grâce à cette technologie mortelle que j’ai eu ce petit coup de pouce m’ayant permis de sévir à nouveau parmi ces mortels bêtes mais tellement amusants, au demeurant.

Ou j’en était de mes pensées quelque peu chaotiques … ha oui !

Nan mais, c’est quoi ce délire ! Moi, le grand Arès, contraint d’accepter un job alimentaire pour continuer à exercer mon art de la guerre. Faire la guerre à des mutants ? Pfff, je vous jure. Le destin se foutrait de ma gueule, ça m’étonnerait pas plus que ça.

Ce soir là, sous une pleine lune, je traquais donc du mutant, enfin, quoi, j’étais en balade punitive, dira-t-on. En résumé, pasque bon, pas que ça à penser,un personnel mortel d’une centrale nucléaire avait été infecté, contaminé lors d’un accident dans cette même centrale. Transformés en mutants féroces, incontrôlables, ils avaient saccagé un peu plus les lieux avant de fuir, détruisant tout sur leur passage. Alors, pour les neutraliser, on a appelé Arès, moi oui.

Ha, les voila, traversant la forêt en piétinant les arbres comme des fétus de paille, bien plus musclés qu’avant leur mutation donc, difformes, bleus, massifs, mesurant près de trois mètres de haut, aussi dangereux pour moi qu’une bande de lemmings pour un mortel. Je renifle puis grimace en me plaçant en travers de leur progression chaotique.

"Rha, vous êtes pas seulement hideux mais vous puez la charogne !"

Le plus avancé du groupe me regarde stupidement, son reste de cerveau devant se demander pourquoi un être moins costaud que lui se dresse ainsi devant lui, puis charge. Je soupire et lève le bras, lui envoyant une bonne onde d’Excalibur, l’épée sacrée placée dans mon bras et que ces mortels dégénérés vanteront par la suite dans les légendes arthuriennes. Hérésie ! Fin bon, le mutant est stoppé dans sa charge, avant que la partie gauche de son corps massif s’écroule d’un coté, et la partie droite de l’autre coté, dans un geyser de sang et de tripes. Coupé en deux, couic, et donc, un mutant de neutralisé. Un bien beau spectacle, au demeurant, qui me réjouit même si je reste stoïque en apparence. Les autres semblent pétrifiés d’effroi. Une bonne chose, je vais pouvoir les neutraliser en un rien de temps. C’est que je suis pas le dieu de la chasse, moi hein, pas que ça à faire.

"Ca va piquer un peu …"

Dis-je en m’orientant vers le tas de mutants, me concentrant pour les découper tous en rondelles en quelques instants, un prix de groupe quoi, famille nombreuse, tout ça, mais mon attention est alors attirée vers quelque venant rapidement de ma droite. Un nouveau protagoniste arrive … pas surpuissant mais pas à sous-estimer non plus … et les mutants profitent de mon bref instant de distraction pour fuir ventre à terre. Ha merde ! Néanmoins, je ne bouge pas pour le moment, l'autre arrive ...

Et voila l’intrus identifié, une mortelle dotée de griffes plutôt affûtées. Je la mate pendant qu’elle massacre les derniers mutants. Déjà, un bon point pour elle, ce n’est pas une foutue pacifiste qui se serait opposée à moi pour épargner de « pauvres victimes de la folie humaine », blablabla. Elle est rapide pour une mortelle, étripant ses proies avec facilité. En même temps, c’est plus un massacre qu’un combat, c’est d’ailleurs pour ça que je la laisse faire, passé le premier meurtre, ça n’a rien de drôle d’exterminer du lemming. Je la contemple donc, évaluant tranquillement sa puissance, et surtout, ses griffes qui découpent trop aisément les chairs pour être du métal ordinaire. Ce truc-là doit être de l’adamantium, et de là à en déduire que le reste des os de la femelle est du même métal, il n’y a qu’un pas que le franchis allégrement. Dans ce cas, cette personne n’est pas ordinaire, je l’observe tandis qu’elle achève sa dernière proie : elle est jeune, mince, pour ainsi dire faite pour les combats rapides, nerveux. Pour sa part, elle me voit comme une menace potentielle, vue la façon irréfléchie dont elle me saute ensuite dessus, et me menace. Elle me touche et m’intimide aussi oralement. C’est donc encore une novice qui a tant à apprendre dans ce que ces chinois ont appelé l’art de la guerre.

"- Bouge pas, ou je te plante. T'es qui et tu bosse pour qui ? Réponds vite, je ne suis pas de nature très patiente."

Sans même bouger d’un iota, je pourrais lui neutraliser les bras en une fraction de seconde, et de façon fort douloureuse pour elle, avant même que l’information atteigne son cerveau et de là ses bras brisés. Or, je n’en fais rien pour le moment. Un peu de subtilité quoi, autrement je l’aurais déjà embrochée comme un vulgaire poulet, et ce dès son arrivée. Je reste tranquille, sentant les crispations du poing de la femelle, comme une vibration se répandant dans son corps, me renseignant à son sujet, m’indiquant qu’elle est bien conçue comme une arme. Mon premier sentiment à son égard était donc des plus exacts. Intéressant. Je réponds néanmoins avec un brin d’agacement, un peu comme d’habitude, plus fort que moi :

"L’impatience hein. Ca nous fait un point commun. Quand on menace, il faut être prêt à passer à l’acte. Dis-moi qui tu es, pour qui tu bosses, ou je te tranche."

Voila, le décor est planté, dans cette forêt éclairée par les rayons de lune. En apparence, la proie menace le prédateur, sauf qu’il y a deux prédateurs, et que celui qui semble le mieux placé pour intimider, pour frapper, est en fait le plus vulnérable. La mortelle le comprendra-t-elle ? Verra-t-elle qu’elle est dans une situation fâcheuse ? Je ne sais pas comment elle va réagir, elle a plusieurs issues, mais je réagirai très vite dès qu’elle aura pris sa décision, et elle intérêt à faire vite ou c’est moi qui vais agir avant elle. Comme je l’ai dit, je ne suis guère patient.